L’homme Maïs

un conte de sorcières tout-à-fait imaginaire

Nous en sommes en 2030. L’organisation mondiale de la santé a détecté une recrudescence du nombre d’enfants affectés par des cancer tout autour du monde et pas seulement dans la région de Nantes. Il apparaît plus sûr désormais de se promoner dans Paris plutôt que dans les campagnes où le sol est devenu une éponge à pesticides. Les dirigeants, pressés par leurs peuples, se sont réunis pour proposer des actions à ce phénomène que les gilets jaunes ont surnommé le cancer du glyphosate. Vu de la station spatiale, le Sahara n’a plus rien à envier aux champs de colza du Brésil excepté les immenses tracteurs qui les sillonnent. Le dernier astronome les a comparés à de grosses abeilles qui butinent des tournesols géants. Paris héberge aujourd’hui beaucoup de jeunes gouvernements qui n’ont d’autres choix que d’essayer de rattraper les erreurs de leurs aînés. La rue ne proteste plus. Elle attend, inquiète. Le président de la France est un biologiste. Son discours plein de peut-être a été préféré à celui plein d’économie de son prédécesseur. Les scientifiques du monde entier se réunissent au palais de la découverte, les gouvernements attendent leurs conclusions aux Invalides. Les gilets pâles ont envahi le champ de Mars, en silence.

Quelques protestations ont bien eu lieu lorsque des chercheurs de feu Monsanto sont arrivés, invités malgré les réticences. Ils ont la mémoire des expériences génétiques. Ils n’ont pas la solution mais savent mieux que d’autres ce qui ne peut pas marcher. Deux jours se sont écoulés depuis que des scientifiques du monde entier se sont assemblés pour réfléchir à un plan que les pays du monde entier ne pourront refuser. La Terre ne va pas très bien. Les tortues ne meurent plus à cause d’une indigestion de plastique, elles succombent au cancer du glyphosate avant. Sous ce dôme de verre, les chercheurs cherchent et le monde attend.

Et voilà qu’ils ont imaginé la plus machiavélique des solutions, l’aboutissement d’un plan sorti tout droit de vieux livres pour enfants… Tout le monde est arrivé à la conclusion qu’il était impossible de nettoyer la Terre de tout ce qu’elle avait ingurgité. La culture biologique sur des sols contaminés prendra du temps avant de produire des légumes sains et ne changera rien au fait qu’elle ne peut répondre entièrement au besoin d’une population trop grande pour la Terre. De vieux ingénieurs ont donc imaginé la solution la plus viable à leurs yeux, l”homme maïs. Leur raisonnement est assez simple, il n’est plus possible de restaurer la terre. Il ne reste plus qu’à rendre l’homme résistant au cancer provoqué par l’ingestion continue de pesticides. Il devient nécessaire de jouer avec les gênes afin de rendre l’humanité résistante aux fléaux qu’elle a créés.

C’est avec stupéfaction que le monde découvre les dernières recherches de cette célèbre société avant qu’elle ne disparaisse ensevelie sous les poursuites judiciaires. L’homme transgénique est né. D’anciens employés ont même subi certaines transformations à leur insu. Ils s’en sont aperçus en changeant leur régime alimentaire pour une alimentation bio. Ils verdissaient ! Plus ils mangeaient bio, plus ils verdissaient. La contamination avait commencé à la cafétéria de leur entreprise qui servaient des mets qui bouleversaient leurs gènes. Elle avait perduré des années. Certains ont verdi rapidement après avoir quitté leur entreprise, d’autres ont contaminé leurs enfants, mais tous ont vu leur taux de cancer décroître. Il est trop tôt encore pour dire si leur espérance de vie dépassera celle de l’homme biologique.

Malédiction ou super-pouvoirs… Les visages alternent la colère et la consternation. Il existe dans ce monde des hommes et femmes modifiés génétiquement qui ont besoin pour leur survie d’ingérer des aliments aspergés de pesticides. Il existe parmi nous des hommes verts. Personne ne sait encore ce qu’il advient d’eux si rien n’est fait pour ralentir leur verdissement. Un journal a révélé à l’instant que le détenteur du record du marathon est un homme vert. Ces scientifiques sont-ils coupables ou visionnaires ? On ne sait plus à part peut-être qu’il n’existe plus de retour en arrière.