2011

Dan Shi, Mémoires d’un eunuque dans la cité interdite

Peu à peu, nous retrouvions notre dignité. L’impératrice avait abandonné sa robe de toile, ses ongles repoussaient, et avec la splendeur, elle renoua avec la méchanceté.

Dan Shi, Mémoires d’un eunuque dans la cité interdite

Les pauvres n’intéressent personne, dans les monastères comme ailleurs.

Princesse de Metternich, Je ne suis pas jolie, je suis pire

Elle semblait tellement imbue de sa triomphante beauté, elle en était si uniqueement occupée, qu’au bout de quelques instants, après qu’on l’avait bien désivagée, elle vous donnait sur les nerfs. […] Si elle avait été simple et naturelle, elle aurait boulversé le mondre, car je crois qu’elle aurait subjugué l’iunivers entier, tandis qu’on allait la regarder et l’admirer et qu’on la quittait écoe uré de tant de pose et de tant de vanité.

Princesse de Metternich, Je ne suis pas jolie, je suis pire

Le prince Constantion de Hohenlohe, qui était à cette époque grand maître de notre empereur, s’approcha de moi et me demanda si je ne trouvais pas son feu d’artifice charmant. « Commes ces fusées partant de la gloriette font bien !, dit- il, c’est un spectable enchanteur !… Mais il y en a aussi énormément !… Croiriez-vous qu’il y en près de mille ?… Nous en avons là pour huit ou dix mille florins ! C’est ravissant, n’est-ce pas ? - Mon Dieu, lui répliquai-je, ça n’est pas mal, mais je garde le souvenir d’un feu d’artifice ) Versailles où j’ai vu partir plus de cent mille fusées et qui a coûté six cent mille francs, et vous comprendrez que je ne m’enthousiasme pas facilement sur un feu d’artifice et une illumination. ! »

Umberto Eco, Comment voyager avec un saumon

Il y a deux ou trois mois, les appariteurs sont venus m’informer qu’il n’y avait plus de papier hygénique. Je leur ai rétorqué d’en acheter. La secrétaire m’a annoncé qu’il ne restait des des fonds destinés au matériel inventoriable, ajoutant que le papier hygiénique était inventoriable mais qu’il tendait à s’altérer pour des raisons que je n’approfondirai pas ici, et que, une fois altéré, il disparaissait de l’inventaire. J’ai convoqué une commission de biologistes à qui j’ai demandé comment inventorier du papier hygiénique usagé. Ils ont répondu que c’était possible, mais que ça reviendrait très cher en coût humain.

J’ai réuni une commission de juristes qui m’a fourni la solution. Je reçois le papier hygiénique, je l’inventorie, et l’affecte aux toilettes pour des raisons scientifiques. Quand le papier disparaît, je porte plainte contre X pour vol de matériel inventorié. Hélas, il y a un hic : je dois renouveler ma plainte tous les deux jours. Un agent ds Services Secrets a fait de lourdes insinuations sur la gestion d’un institut où des inconnus peuvent s’infiltrer si facilement à des échéances périodiques.

Umberto Eco, Comment voyager avec un saumon

Personne n’a jamais été incriminé pour avoir gaspillé l’argent de l’Etat tant que c’est fait en suivant les lois à la lettre.

Umberto Eco, Comment voyager avec un saumon

Les écrivains emploient les points de suspension enfin de phrases pour indiquer que le discours pourrait continuer et au milieu ou entre plusieurs phrases pour signaler qu’un texte a été tronqué. […] Les non-écrivains utilisent les points de suspension pour se faire pardonner une figure de rhétorique qu’ils jugent hasardeuse.

Umberto Eco, Comment voyager avec un saumon

Et puis - suggère implicitement leur designer - qu’ont de mieux à faire les femmes auxquelles elles [montres de luxes] sont destinées, sinon de contempler un objet qui raconte sa propre vanité ?

Umberto Eco, Comment voyager avec un saumon

Quant à votre nouvelle voiture, elle aura beau exhiber des sièges en cuir, deux rétroviseurs latéraux réglables de l’intérieur et un tableau de bord en bois précieux, elle résistera beaucoup moins que la glorieuce Cinquecento qui, lorsqu’elle était en panne, redémarrait avec un coup de pied.

Jules Vallès, L’Enfant

Elle a une façon de souligner les plaisirs qu’elle m’offre qui les gâte un peu.

Cliffort A. Pickover, Le $beta$eau livre des M$alpha$ths

Ces créatures [cigales] ont un comportement étonnant : leur apparition est synchronisée avec des périodes annuelles associées généralement aux nombres premiers 13 et 17. […] Durant le printemps de leur 13$^e$ ou 17$^e$ année, les cigales creusent un tunnel de sortie. Parfois, ce sont plus d’un million et demi de cigales qui émergent sur la moitié d’un hectare ; il se peut que cette prolifération ait une valeur de survie, dans la mesure où elle surpasse le nombre de prédateurs, tels que les oiseaux, qui se retrouvent dans l’incapacité de manger toutes les cigales. […] Selon certains chercheurs, l’évolution de cycles de vie corrélés aux nombres premiers pourrait s’expliquer par le fait que les cigales augmentent ainsi leur chance d’échapper aux parasites et aux prédateurs à la vie plus courte. Par exemple, si le cycle de vie était de 12 ans, tous les prédateurs dont les cycles de 2, 3, 4, ou 6 années, trouveraient aisément les cigales.

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Lorsqu’une maison n’est pas finie, je me sens chez moi. Je me sens en vacances lorsqu’elle l’est.

Joyce Carol Oates, Un endroit où se cacher

Ce n’est pas les gens parfaits qu’on aime mais les gens qu’on connaît.

Lou Andréas-Salomé, Textes choisis et présentés par Elisabeth Barillé

C’est pourquoi il était possible dans son [Rainer] cas que, plus tard, son épanouissement d’une part, et celui de sa génialité artistique d’autre part ne se stimulent pas l’un l’autre.

Lou Andréas-Salomé, Textes choisis et présentés par Elisabeth Barillé

Il manque à tous les idéaux cette plénitude de vie, cette contradiction interne ; ce ne sont que des partis pris exclusifs, des abstractions tirées de la vie.

Henning Mankell, Avant le Gel

Les enfants ont une manière spéciale de lier connaissance. […] Ils ne passent pas des accords comme les adultes, ils se font confiance ou non, un point c’est tout.

Annie Ernaux, La place

Phrase interdite : « Combien avez-vous payé ça ? »

Annie Ernaux, La place

Mon père et ma mère s’adressaient continuellement la parole sur un ton de reprche, jusque dans le soucis qu’ils avaient l’un de l’autre.

Annie Ernaux, La place

La même vie désormais pour lui. Mais la certitude qu’on ne peut pas être plus heureux qu’on est.

Constance (de) Salm, Vingt-Quatre Heures d’une femme sensible

Cet instant où je compris que j’étais aimée fut peut-être le plus beau jour de ma vie, et pourtant mon premier mouvement fut de fuir.

Jean-François Parot, Le fantôme de la rue Royale

Je n’augure rien de bon dans ce changement d’habitudes chez un homme si attaché à les maintenir.

Sarah Hartnett, L’enfant du fantôme

Comment fabrique-t-on un bonheur solide à partir d’une chose aussi importante, compliquée, unique et fragile que la vie ?

Sarah Hartnett, L’enfant du fantôme

Pour que tu soies heureuse, il aurait fallu que je change. Et j’ai changé - autant que j’ai pu.

Sarah Hartnett, L’enfant du fantôme

Elle n’appréciait pas le nouveau Plume qui abîmait les souvenirs de l’ancien.

Lou Andréas-Salomé, Ma vie

Ce qui jouait sans doute un rôle essentiel dans leur union, c’était que tous deux avaient la conviction intime que chacun doit toute sa vie remédier à ses insuffisances : peut-être moins pour des raisons morales que par désir de ne pas rester prisonnier de soi-même.

Lou Andréas-Salomé, Ma vie

Je ne peux conformer ma vie à des modèles, ni ne pourrait jamais constituer un modèle pour qui que ce soit ; mais il est tout à fait certain que je dirigerai ma vie selon ce que je suis, advienne que pourra.

Lou Andréas-Salomé, Ma vie

Car mettre un point final à son travail, c’est en même temps renoncer à la perfection dont on est imprégné de toutes ses fibres.

La Boëtie, Discours de la servitude volontaire

A vrai dire, il est bien inutile de se demander si la liberté est naturelle, puisqu’on ne peut tenir aucun être en servitude sans lui faire tort : il n’y a rien de plus contraire au monde que la nature, toute raisonnable, que l’injustice. La liberté est naturelle ; c’est pourquoi à mon avis, nous ne sommes pas seulement nés avec elle, mais aussi avec la passion de la défendre.

La Boëtie, Discours de la servitude volontaire

Il y a trois sortes de tyrans. Les uns règnent par l’élection du peuple, les autres par la force des armes, les derniers par succession de race. Ceux qui ont acquis le pouvoir par le droit de la guerre s’y comportent - on le sait et le dit fort justement - comme en pays conquis. Ceux qui naissent rois, en général ne sont guère meilleurs. Nés et nourris au sein de la tyrannie, ils sucent avec le lait le naturel du tyran et ils regardent les peuples qui leur sont soumis comme serfs héréditaires. Selon leur penchant dominant - avares ou prodigues -, ils usent du royaume comme de leur héritage. Quant à celui qui tient son pouvoir du peuple, il semble qu’il devrait être plus supportable ; il le serait, je crois, si dès qu’il voit élevé au-desus de tous les autres, flatté par je ne sais quoi qu’on appelle grandeur, il ne décidait de n’en plus bouger. Il considère presque toujours la puissance que le peuple lui a léguée comme devant être transmise à ses enfants. Or dès que ceux- ci ont adopté cette opinion, il est étrange de voir combine ils surpassent en toutes sortes de vices, et même en cruautés, tous les autres tyrans.

élève anonyme, ENSAE

Xavier Dupré, tout un poème. Voulez-vous que je vous raconte une anecdote ? Xavier Dupré commence un cours et là, sans crier gare, une anecdote descendue du ciel, ou plutôt de ses feuilles aide-mémoire imprimées en taille 5, vient perturber la lente et fastidieuse compréhension des élèves, en enrichissant considérablement leur culture générale. Xavier Dupré ne manque pas de science, il est au-dessus de toute anecdote, il est inénarrable.

élève anonyme, ENSAE

Xavier Dupré vacille entre juvénilisme et antipédagogisme.

Joseph Conrad, Au coeur des ténèbres

Il électrisait de grosses réunions. Il avait la foi - vous saisissez ? - il avait la foi. Il pouvait faire n’importe quoi - n’importe quoi. Il aurait été un superbe chef de parti extrême.

Quel parti ?

N’importe lequel, c’était un extrémiste.

Miyuki Miyabe, Une carte pour l’enfer

Il s’était endormi de fatigue. […] Manque de personnel. Pendant deux jours entiers, il avait roulé sans s’arrêter. […] Qui est fautif ? Evidemment la camionneur qui dormait au volant, mais aussi son employeur qui lui avait imposé ces conditions, le service de l’équipement qui n’avait pas installé de glissières ainsi que la collectivité locale qui n’avait pas élargi la route.

Miyuki Miyabe, Une carte pour l’enfer

Elle n’était pas très vive. Avec un mari exigeant, elle aurait des problèmes.

Miyuki Miyabe, Une carte pour l’enfer

Aujourd’hui, les faillites ont pour cause la surinformation. […] On vous donne partout des recettes pour gagner de l’argent.

Olivier Pastré, Jean-Marc Sylvestre, Le roman vrai de la crise financière

[Financial Times] La titrisation se réduit à ôter les crédits des épaules de ceux qui sont capables de les porter pour les mettre sur les épaules de ceux qui sont incapables de les comprendre.

Olivier Pastré, Jean-Marc Sylvestre, Le roman vrai de la crise financière

L’arrêt de l’augmentation régulière des salaires au tournant des années 1990 a poussé les américains à puiser dans leur épargne pour maintenir leur niveau de vie et à s’endetter.

Olivier Pastré, Jean-Marc Sylvestre, Le roman vrai de la crise financière

La banque est aujourd’hui un immense système informatique.

André Gide, Souvenirs de cours d’Assises

La version la plus simple est celle qui toujours a le plus de chance de prévaloir ; c’est aussi celle qui a le moins de chance d’être exacte.

André Gide, Souvenirs de cours d’Assises

Je crois que l’opinion du juré se forme et s’arrête assez vite. Il est, au bout de deux ou trois quarts d’heure, sursaturé - ou de doute, ou de conviction.

André Gide, Souvenirs de cours d’Assises

Nous aurions voté différemment si nous avions pu prévoir que notre vote allait entraîner une peine si forte - ou si légère.

Camille Landais, Piketty Thomas, Saez Emmanuel, Pour une révolution fiscale

Il est aujourd’hui bien difficile pour des personnes qui ne disposent que de leur travail d’accumuler quoi que ce soit.

Camille Landais, Piketty Thomas, Saez Emmanuel, Pour une révolution fiscale

Un personne sans ressources propres dans un ménage aisé ne paie pas de loyer et donc reçoit implicitement une aide au loyer de la part de son conjoint (ou de son patrimoine, si la personne est propriétaire).

Richard Paul Russo, La nef des fous

— La prison semble ne pas t’avoir fait trop de mal.

— C’est surtout mon égo qui a souffert.

— Alors tu as peut-être même tiré profit de ton incarcération.

Barjavel, Les chemins de Katmandou

Il dort comme un arbre.

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Les américains ont une idée matérialiste du bonheur qui s’exprime docilement au travail au travers de leur sourire mécanique. Je me sentirais prisonnier de cette définition aussi simple et fataliste.

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Il existe différentes manières de renoncer à ses rêves. La seconde est de les transférer à ses enfants.

everybody, True Tales of American Life

The family finances had taken a real beating. My father’s business had collapsed, jobs were almost nonexistent and the country was in a near depression. We had a tree for Christmas that year but no presents. We simply couldn’t afford them. On Christmas Eve, we all went to bed in pretty low spirits.

Unbelievably, when we woke up on Christmas morning, there as a mound of presents under the tree. We tried to control ourselves at breakfast, but we rushed through the meal in record time.

Then the fun began. My mother went first. We surrounded her in anticipation, and when she opened her package, we was she had been given an old shawl that she had « pisplaced » several months earlier. My father got an old axe with a broken handle. My sister got her old slippers. One of the boys got a pair of patched and wrinkled trousers. I got a hat, the same hat I thought I had left in a restaurant back in November.

Each old castoff came as a total surprise. Before long, we were laughing so hard that we could barely pull the strings on the next package. But where had this largesse come from? It was my borther Morris. For several months, he had been secreting away old things that he knew we wouldn« “t miss. Then, on Christmas Eve, after the rest of us had gone to bed, he had briefly wrapped up the presents and placed then under the tree.

I remember this as one of the finest Christmases I ever had.

Robert B. Reich, Aftershock

Being rich now means being having enough money that you don’t have to encounter anyone who isn’t.

Robert B. Reich, Aftershock

The rich live too modestly compared to what they can afford.

Robert B. Reich, Aftershock

begin*enumerate* item Women move into paid work item Everyone works longer hours item We draw down savings and borrow to the hilt end*enumerate*

Robert B. Reich, Aftershock

According to common stereotypes, the French draw deep satisfaction from good food and wine, the Germans from music, the English from their parks, and American from shopping.

Guy Debord, La société du spectacle

Le monde possède déjà le rêve d’un temps dont il doit maintenant posséder la conscience pour le vivre réellement.

Guy Debord, La société du spectacle

Les idées s’améliorent. Le sens des mots y participe. Le plagiat est nécessaire. Le progrès l’implique. Il serre de près la phrase d’un auteur, se sert de ses expressions, efface une idée fausse, la replace par l’idée juste.

Howard Zinn, La bombe

Il [Truman] semble qu’il ne souhaitait pas que la défait des Japonais soit due à l’intervention des Russes mais bien aux bombes américaines.

Howard Zinn, La bombe

Nous pourrions refuser le dogme, universellement invoqué pour justifier la guerre, voulant que la violence de masse soit acceptable si elle sert une « noble cause », car, malgré la lenteur de notre apprentissage, nous devrions maintenant savoir que l’horreur des moyens est toujours certaine tandis que la pertinence des fins de l’est jamais.

Howard Zinn, La bombe

Le mal, qui fait aujourd’hui l’objet d’une production de masse, exige une division du travail de plus en plus complexe, si bien que plus personne ne peut être tenu pour directement responsable des horreurs ayant cours. Cependant, tout le monde porte une responsabilité négative, car n’importe qui peut tenter d’enrayer la machine.

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Il est impossible à la fois de tout connaître et de contribuer à cette connaissance. L’érudition est peut-être un savant mélange des deux.

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Mon patron m’a fait deux critiques qui sont justes. L’une d’elles est que je parle vite de choses compliquées, que ceux que j’encadre et ceux qui m’encadrent ne pensent pas aussi vite. Il faut que je ralentisse mais je ne veux pas. Je suis loin de montrer tout ce que je suis capable de faire et de cette frustration naît chez moi cette imprévisible possibilité que je détruise tout. Je me stresse tout seul. Je me sens prisionnier.

James Surowiecki, The Wisdom of the Crowd

Independence of opinion is both a crucial ingredient on collectively wise decisions and one of the hardest things to keep intact.

James Surowiecki, The Wisdom of the Crowd

People are more overconfident when facing difficult problems than when facing easy ones.

James Surowiecki, The Wisdom of the Crowd

When what people want to do depends on what everyone else wants to do, every decision affects every other decision, and there is no outside reference point that can stop the self-reflexion spiral. (Lorsque les décisions des uns et des autres sont corrélées, la foule n’est plus aussi « sage ».)

James Surowiecki, The Wisdom of the Crowd

Conventions, obviously maintain order and stability. Just as important, though, they reduce the amount of cognitive work you have to put in to get thgouh the day. Conventions allow us to deal with certain situations without thinking much about them, and when it comes to coordination problems in particular, they allow groups of disparate, unconnected people to organize themselves with relative ease and an absence of conflict.

James Surowiecki, The Wisdom of the Crowd

In small groups, diversity of opinion is the single best guarantee that the group will reap benefits from face-to- face discussion.

James Surowiecki, The Wisdom of the Crowd

In too many corporations, though, the incentive system was (and is) skexed against disent and independent analysis. […] The most successful executives tended not to disclose information about fights, budget problems, and so on.

James Surowiecki, The Wisdom of the Crowd

One of the more remarkable surveys done in the 1990s, a Burson Masteller poll, found that 95 percent of inverstors said that they would buy a stock based on what they thought of the company’s CEO.

Richard Overy, 1939, Demain la guerre

Citationde Harold Nicolson.

[Hitler] Il respire l’arrogance mauvaise au point qu’il en donne presque la nausée… Ses yeux de mystique étincellent de mal, de perfidie et de méchanceté. Il a l’habitude horripilante de dicter la loi en phrases sèches et synocopées, accompagnant sa conclusion d’un brusque coup du plat de la main sur la table, ou, pivotant à moitié sur son siège, d’un soudain croisement de bras à la Napoléon et d’un regard de mystique détaché mais souffrant en direction du plafond. Son impatience est terrifiante.

Richard Overy, 1939, Demain la guerre

Le véritable objectif de la guerre de 1939 n’était pas de sauver la Pologne d’une occupation cruelle, mais d’arracher la Grande-Bretagne et la France aux dangers d’un monde en pleine désintégration.

Paul Jorion, La guerre civile numérique

La pasteur Terry Jones, révolté par le fait qu’il existe une religion appelée l’Islam, a solennellement brûlé un coran le 20 mars 2011. Le premier avril suivant, à Mazar-I-Sharif, en Afghanistan, une foule en colère à la suite de cet acte a tué sept membres du personnel de représentation des Nations Unies : quatre Népalais, un Suédois, un Roumoin et une Norvégienne. Il n’est pas question bien entendu d’inquiéter le pasteur Terry Jones qui peut vaquer à ses occupations comme il l’entend, et brûler encore autant de corans qu’il lui semblera bon. Nous sommes en démocratie, comprenez-vous, et il ne fait qu’exercer son droit à la liberté de parole.

Paul Jorion, La guerre civile numérique

Une autre tactique envisagée par Team Themis, appelée « AstroTurf », un mot qui désigne le nom commercial d’un gazon artificiel consiste à mimer sur les réseaux sociaux l’émergence spontanée d’un courant d’opinion d’origine citoyenne. HBGary Federal avait déjà précédemment été chargé par le gouvernement américain de créer ainsi une « armée » d’identités Facebook afin de manipuler l’opinion dans une direction particulière sur des sujets sensibles.

Alain-Gérard Slaman, La régression démocratique

La violence sociale ne peut être maîtrisée que par l’Etat.

Alain-Gérard Slaman, La régression démocratique

C’est ne pas être libre, que de devoir sa différence, non à son mérite, mais à son origine.

Alain-Gérard Slaman, La régression démocratique

Le premier devoir d’un Etat laïque est de s’interdire tout transfert de ses responsabilités envers les représentants d’une Eglise ou d’un culte, sous peine de perdre tout prestige ou toute responsabilité.

Alain-Gérard Slaman, La régression démocratique

Les sociétés transparentes sont des des sociétés de donneurs de leçon, autrement dit des sociétés sans humour. L’humour est un art de civiliser le conflit pour rappeler sa présence dans le monde. Il fait partie des procédures.

Arnaldur Indridason, La voix

Le pire de tout, c’était le harcèlement qui faisait de toi une loque humaine. On finit par avoir de soi la même opinion que ceux qui nous tourmentent.

Arnaldur Indridason, La voix

Dans le domaine des sentiments, le temps n’existe pas. […] Au lieu d’essayer de construire quelque chose à partir de ce néant, je me suis enfoncé toujours plus profondément, parce que c’est plus confortable et qu’on a l’impression que cela nous procure un abri.

Richard Dawkins, Pour en finir avec Dieu

Nous autres, nous sommes censés justifier nos préjugés, mais dès que vous demandez à une personne religieuse de justifier sa foi, vous bafouez la « liberté religieuse ».

Louis-Jean Calvert, Les voix de la ville

La France a une vision fortement monolingue de l’Etat, de la culture et de la communication, et les effets de cette vision, ainsi que la centralisation du pays et la standardisation du français, fonctionnent comme un frein au partage des langues. Il n’y a pas, à Paris, de modèle socialement valorisé du plurilinguisme, et l’avenir des langues reste un problème familial, tandis qu’à Dakar le plurinlinguisme est la règle et l’avenir socail des langues en présence n’est pas encore joué;

Louis-Jean Calvert, Les voix de la ville

En France, l’Etat laisse à des pays étranger le soin de désigner et de payer les professeurs de « langues d’origine ». Le résultat est là : le plus souvent, les cours d’arabe tournent à l’école coranique, les enfants y apprennent une langue morte alors que l’urgence est de valoriser la langue de leurs parents, le berbère ou l’arabe dialectal ; ils apprennent d’enseignants mal formés et parfois fanatiques la haine du pays d’accueil.

Fabio Toscano, La formule secrète

Formule de Niccolo Tartaglia mise en poème pour résoudre certaines équations du troisième degré, transcrite par Jérôme Cardan. Contexte : cube = $x^3$, chose = $bx$, nombre = $constante$, les nombres négatifs n’existaient pas.

Quand le cube auprès des choses \ Est égalé à un quelconque nombre discret, \ Trouve en lui deux nombres différents. \ \ Alors tu prendras pour habitude \ Que leur produit soit toujours égal \ Au tiers cubé des choses exactement.\ \ Ensuite le reste général \ De leurs racines cubiques bien soustraites \ Sera égal à ta chose principale. \ \ Dans le deuxième de ces actes \ Quand le cube reste seul \ Tu observeras ces autres contrats, \ \ Tu feras du nombre deux parties \ En sorte que l’une par l’autre produise nettement \ Le tiers cubé des choses extactement \ \ De celles-ci ensuite, par une règle commune \ Tu extrais les racines cubiques jointes ensemble \ Cette somme deviendra ton principal résultat. \ \ Ensuite le troisième de nos comptes \ Se résout avec le second si tu regardes bien \ Parce que par nature ils sont liés \ \ J’ai trouvé ces choses sans lenteurs \ En mille cinq trente quatre \ Avec des fondements forts et certains \ Dans la cité entourée par la mer.