2014-01-26 Inégalités
Le dernier forum de Davos a souligné l'accroissement des inégalités (Les dangers de la montée des inégalités au menu du Forum de Davos). La tranche des plus 1% les plus riches auraient capté l'essentiel des richesses créées depuis 20 ans et la statibilité et la durabilité de la croissance mondiale pourraient en être affectée. Ce n'est sans doute pas la dernière crise financière qui aura inspiré cette réflexion - à moins que sept années n'eussent été nécessaire pour formuler cette assertion - ou peut-être est-ce le mouvement We are the 99% qui a manifesté plusieurs mois en 2011. Plus récemment, les habitants de San Francisco se rebellent contre la Silicon Valley. La hausse des prix des logements altère la mixité sociale dans la plupart des grandes villes. Le fait de posséder un iPhone est aussi révélateur du niveau de revenu de son propriétaire. Qui sait si les ingénieurs d'Apple ne seront pas bientôt les seuls à pouvoir s'offrir un iPhone (Une tirelire à 150 milliards de dollars pour Apple).
Peut-être est-ce aussi l'expression d'un système qui n'a sans doute pas encore trouvé le moyen de donner un juste prix aux services numériques que proposent les grands acteurs d'Internet. La plupart des utilisateurs les considèrent gratuits. C'est le cas de la recherche sur Internet, de l'adhésion à un réseau social, même de l'accès aux informations. De plus, il est difficile de concurrencer ces acteurs sur leurs propre terrain. Le numérique n'est pas contraint par les fontières ni la distance comme peuvent l'être les aliments, les vêtements, les voitures... Le numérique nous aide au quotidien en accélérant de nombreuses tâches qui prenaient un temps considérable il y a dix ans de cela. Il a ses dangers qu'on perçoit mal (Edward Snowden), il s'affranchit des frontières tout comme la finance, il n'existe pas de critère de qualité ou de sécurité comme dans l'alimentation ou l'aéronautique, mais globalement, personne ne semble vouloir abandonner les avantages que le numérique offre.
On peut se demander si le monde du numérique n'est pas aussi un monde où les inégalités s'accroissent. Le paysage numérique se forme peu à peu (Comprendre le fonctionnement des startups pour améliorer leur réussite ) mais c'est un paysage où les monopoles sont fréquents car les premiers acteurs définissent l'activité. Assurément, les géants du net dépensent énormément en recherche et développement. Ils s'assurent aussi de limiter la concurrence (Snapchat Breach Exposes Weak Security) et on ne compte plus les acquisitions de Google (Google rachète Nest, Liste des acquisitions de Google). C'est aussi un moyen de bénéficier de la recherche financée par d'autres sans assumer tous les risques, le taux de survie des start-ups est plus faible que dans les autres secteurs économiques,
L'informatique est sans aucun doute une révolution industrielle comme les deux précédentes (machine à vapeur, électricité). Toutes ont commencé en fin de siècle pour profondément changer la société. Cette fois-ci, le travail en général, d'informaticien en particulier, est de moins en moins physique. L'idée a de plus en plus d'importance, sa réalisation est de plus en plus courte, de plus en plus facile à répliquer, de moins en moins défectueuse. Ce qui change sans doute, c'est qu'on dispose, pour observer cette mutation, d'outils beaucoup plus sophistiqués et beaucoup plus de données. On connaît presque l'état d'une société en temps réel, presque pour chaque individu. Est-ce que cela nous aidera à mieux gérer la transformation de notre société ?
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Xavier Dupré
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