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citoyen, code, ingénieur, économie


2015-03-14 Ingénieur citoyen

C'est une petite histoire pas encore assez citoyenne mais qui a envie de le devenir et que je prendrais par un bout différent de celui par lequel je l'ai découverte. Le début que j'ai choisis est le récit développé par cet article : Innovation : "L'Etat a besoin de nos mains, pas seulement de nos voix" qui retranscrit et résume un peu les propos de la fondatrice de CodeForAmerica, tenus au sein d'une conférence organisée par Google. Je le précise car ce point est intéressant compte tenu de son discours.

Je passerai sur la première histoire qu'elle developpe - l'amélioration du site internet de Honolulu - même si elle exprime que la société n'est pas aussi individuelle qu'on pourrait le penser et que travailler pour une cause collective est source de motivation au même titre que de s'investir au sein d'une association.

C'est sans doute une Lapalissade que de dire que les données sont partout. Lorsqu'on parle de réseau, Facebook est le premier mot qu'on associe. Liker fait déjà partie des mots courants et le flot de petit like donne une bonne indication de la popularité de telle ou telle chose. Facebook est une société privée qui propose un service dont nous nous passions il y a quelques années. Pourtant notre quotidien n'a pas évolué avec la même célérité. La récolte des poubelles est toujours manuelle et votre médecin n'utilise pas encore votre smartphone pour prendre votre pouls à distance ou observer l'intérieur de vos oreilles. Le site internet de votre mairie évolue doucement à votre grand regret et vous vous demandez s'il n'y aurait pas un meilleur usage de vos impôts. Avant de vous confondre en plainte, je cite un chiffre extrait de la présentation de Jennifer Pahlka : entre 2003 et 2012, 3555 projets techniques ont été menés par le gouvernement américain, 6.4% seulement ont été des succès. Cela ne veut pas pas dire que tous les autres ont été des échecs, plus de la moitié ont tout de même été abandonnés, mais pour les autres, le budget et le calendrier initialement prévus ont été revus à la hausse. Ce chiffre concerne les Etats-Unis mais je serai curieux de connaître ce chiffre pour la France : Echec informatique d'une réforme.

Je cite un extrait de sa présentation : Vous ne pouvez pas gouverner un pays si les élites de ce pays ne comprennent pas la technologie aussi bien qu'ils comprennent l'économie. Une des conséquences, certaines réformes échouent parce que le gouvernement n'arrivent pas à les mettre en place. Le site internet ne fonctionnent pas

Autre sujet abordé par l'article, l'Etat contribue à la création de nombreuses entreprises mais prend peu de part à leur succès à cause des mécanismes d'évasions fiscales mis en place par ses sociétés. De la même manière, Facebook, mais elle n'est pas la seule, s'offre les services des meilleurs ingénieurs du monde en proposant des salaires importants aux ingénieurs issus des meilleurs formations payées par nos impôts. L'Etat forme très bien des personnes dont certaines travaillaient autrefois pour lui. Elles vont maintenant chez d'autres, parfois loin, et qui ne contribuent plus aussi bien au système que par le passé. La loi doit sans doute évoluer mais il est difficile de définir une redistribution équitable. C'est encore un sujet à l'étude et non résolu. En attendant, Jennifer Pahlka propose une façon pratique de contribuer à la société qui nous a formé : partager notre connaissance technique et contribuer à l'amélioration des services proposés aux citoyens. Même si vous ne comprenez pas l'anglais, je vous conseille de regarder le petit film accéléré des cinquantes écrans successifs qu'il faut traverser pour recevoir des bons de nourriture dans l'Etat de Californie ou du message sybillin qu'on reçoit lorsque cette aide arrive à terme.

Il n'existe pas encore de CodeForAmerica à la française...

C'est le moment maintenant d'aborder le véritable point de départ de cette histoire, celui qui m'a poussé à écrire ce blog même si j'ai choisi un autre bout pour le conter. Fouiller tout ce que l'état produit comme jeu de données, utiliser le savoir que l'Etat nous a transmis, optimiser, programmer, proposer, c'est le discours développé par le meetup Data For Good FR qui a eu lieu au SenseCube. Si vous pensez qu'on écrit toujours les mêmes programmes informatiques, dans votre petite chambre à Paris ou au bureau sous les néons, allez voir dans ce lieu magique, vous ne voudrez plus le quitter.

Comme je suis plus à l'aise lorsqu'il s'agit de données, je suis sans doute plus réceptif à toute initiative citoyenne utilisant ce matériau comme point de départ même si elles sont d'un abord plus abstrait. Les projets évoqués au cours de la présentation (Slides Data For Good #1), montrent que les données ne servent pas qu'à vous montrer la meilleur publicité ou à déterminer l'indice de popularité d'une page web. On peut vraiment améliorer le quotidien de tout un chacun. Un exemple extrait du site BayesImpact s'intéresse à la diminution du délai d'attente de l'ambulance à San Francisco (et oui toujours cette ville) Optimizing Ambulance Response Times In SF. Comment diminuer le temps moyen d'attente qui est de 9.5 minutes. Le site a été créé par un français : Paul Duan. Ce n'est pas le seul, DataKind a pour slogan : We harness the power of data science in the service of humanity.

On n'a pas parlé d'argent jusqu'à présent. Certains ont réfléchi à la question et ont évalué que certains problèmes valaient vraiment le coup d'être résolu : Improve HealthCare : Identify patients who will be admitted to a hospital within the next year using historical claims data. On peut rester un peu dubitatif devant de tels chiffres. Il n'est pas toujours facile de mettre en pratique une idée même si l'intuition de départ est bonne. L'essentiel est sans doute d'avancer, de rapprocher les pratiques de l'Etat avec celles que la technologie nous propose.


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Xavier Dupré