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mauvaise foi, écologie, économie


2019-05-13 Mauvaise foi chronique

C'est un extrait d'un rapport non encore public public par un groupe de sénateurs : Après avoir beaucoup travaillé avec les agences scientifiques sur ce produit, j’affirme que si le glyphosate a certainement beaucoup de défauts, aucune étude scientifique ne prouve formellement sa cancérogénicité ni en France, ni en Europe, ni dans le monde. (Source : Pierre Médevielle, sénateur UDI de Haute-Garonne, s’apprête à rendre un rapport d’information qui va alimenter un peu plus la controverse sur l’herbicide de Monsanto.)

On ne découvrira rien dans ce rapport qui n'existe déjà puisqu'il utilise des articles déjà publiés. Il les compile à sa manière mais il est si simple de fabriquer des moyennes qui vont dans un sens ou dans l'autre en changeant les critères de sélection. Le sénateur donne juste sa conclusion qu'il est impossible de vérifier puisqu'il ne publie aucun contenu. J'espère que les journaux n'oublieront pas de revenir jeudi là-dessus pour expliquer comment on peut arriver à cette conclusion alors que le glyphosate est reconnu comme un poison par la justice : Glyphosate : aux Etats-Unis, Monsanto condamné à payer 81 millions de dollars à un malade du cancer, Glyphosate: Monsanto condamné à payer 2 milliards de dollars par un jury californien. Le sénateur oublie également les autres effets du glyphosate, la disparition des abeilles, la réduction de la biodiversité.

C'est probablement un rapport construit pour optimiser l'impact médiatique. Il aura sans doute très peu d'impact scientifique, en premier lieu car il ne fait que compiler des travaux existants. Ce n'est pas le premier homme politique à énoncer des contre-vérités pour ramener la couverture à soi : Le cent-fautes de Claude Allègre. Le discours est en général soit trop vague pour être contredit, soit circonscrit à un domaine si petit que sa portée scientifique est démesurément petite par rapport à sa portée médiatique.

La dernière amende donnée par Monsanto par la justice américaine laisse penser qu'il y a une certaine volonté de la part de l'Etat américain de blesser Monsanto (et Bayer) peut-être pour favoriser l'émergence de nouveaux concurrents américains. Comme le dit le sénateur, il y a pire que le RoundUp. Il faudrait fortement réduire la chimie dans les champs, le RoundUp n'est qu'un représentant.

Et le sénateur était vraiment de mauvaise foi, il est d'ailleurs contredit par Cédric Villani qui a contribué à sa rédaction : Glyphosate : ce que contient vraiment le rapport parlementaire controversé.


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Xavier Dupré