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intelligence artificielle, économie


2019-05-25 Réflexion citoyenne

J'étais invité samedi dernier à parler en introduction d'une réflexion citoyenne organisée par le Think Tank Argo. Prévue pour 50 personnes, nous nous retrouvés tels une petite vingtaine. Mes acolytes étaient un député Pierre-Alain Raphan, un fondateur de la startup Golem, Thomas Solignac, et...

J'avais prévu une petite histoire largement improvisée mais dont je reprends une trame qui commence avec les premières versions du de leur moteur de recherche. L'élément principal était un annuaire qui a vu sa fin un peu avant celle des pages jaunes, supplanté par Google qui a su gérer les volumes inhumains de pages web avec un algorithme. Car une des premières utilisations de l'intelligence fut le traitement de volumes de données trop grands pour n'importe quelle équipée humaine. Ca l'est toujours. Les moteurs de recherches ont progressé et ont commencé à gérer des informations plus compliquées telles que des images avec le deep Learning notamment. C'est la seconde utilisation de l'intelligence artificielle, le traitement d'informatique complexe que nous interprétons grâce à un de nos cinq sens. Les moteurs de recherches d'images sont en fait des moteurs de recherches classiques excepté que des mots-clés ont été extraits des images à l'aide du deep Learning. Si l'image contient un chat, une célébrité, le moteur les sélectionnera si un utilisateur recherche un chat ou cette célébrité quand bien même la personne qui les a mise en ligne n'a pas pris la peine de la référencer. Je ne sais pas vraiment ce qu'est l'intelligence artificielle, elle accomplit pour moi un de ses deux usages, elle automatise des processus pour lesquelles même moi ne peut toujours proposer une réponse fiable. Je sais simplement qu'elle est assez fiable pour faire une partie de mon boulot.

Il faut une intelligence artificielle par tâche à automatiser. On ne sait pas encore fabriquer une machine omnipotente qui vous répond non sans humour 42 à la question que même la religion délaisse. Il faut plusieurs mois pour élaborer une première version qui répond moins bien qu'expert dans un domaine précise mais suffisamment bien pour qu'on lui donne quelques années avant de pouvoir aider l'expert. Et voici une startup... Construire un expert artificiel sur un sujet précis. Elle lève des fonds et si comme un moteur de recherche, elle gère des informations textuelles - c'est souvent le cas - son rayon d'action est bornée au périmètre de la langue du texte traité. Si c'est la France, ce sera 70 millions. Lorsqu'elle a conquis le marché et même avant, elle s'interroge sur sa croissance et regarde en Europe composé de plein de pays et plein de langue. Bref, quand cela coûte aussi cher de traiter une langue parlé par 10 millions de personnes ou 100 millions, cela s'apparente à une guerre de tranchées. La startup regarde alors des pays plus gros, les États-Unis, la Chine, la Russie, le Brésil. Les USA figurent en première position, pas trop loin, une population consommatrice et nombreuse, un état conciliant. Et si ça marche, le reste de l'Europe paraît plus envisageable voire la Chine. La belle histoire s'interromps parfois car la startup est vendue par ses fondateurs désormais à l'abri du besoin, le plus souvent à une société étrangère. La première startup qui m'a embauchée a craqué après 20 ans d'existence. Peut-être finira-t-elle dépecée...

L'article Philippe Lacheau: «Le film Nicky Larson a payé pour toutes les mauvaises adaptations de manga» exprime la même chose pour le cinéma. L'industrie américaine produit des blockbusters simplement parce qu'un petit film chez eux est en grand film chez nous en terme de public.

Les universités américaines offrent des salaires très élevés aux professeurs, la Chine donne énormément de moyens à ses chercheurs. La France ne donne ni l'un ni l'autre excepté peut être l'assurance qu'un mauvais professeurs aura plus de temps pour s'améliorer. Les directeurs de laboratoires se battent pour récupérer un peu d'argent. Il n'est pas difficile de convaincre ceux qui s'épuisent à cette tâche de continuer leur recherche pour de grandes boites. Je connais quelques cas comme cela. Certains de mes anciens élèves reviennent à l'école donner quelques vacations et le font bénévolement car le nombre de paperasseries administratives demandées pour une heure de cours est la même que pour cent cinquante heures. Une aberration si vous voulez mon avis.

L'Europe a imposé un quota de femmes dans les institutions, il faut imposer un quota de d'ingénieurs afin que les organismes publiques commencent à prendre des décisions qui ne soient pas dirigées par un quelconque argumentaire financier. L'Europe a réussi l'Airbus avec la volonté de sortir d'un monopole américain. Ce n'était pas une décision économique rationnelle à court terme mais certainement positive sur le long terme. Il nous faudrait quelques grands projets en intelligence artificielle afin de casser une trop grande dépendance de l'Europe face à des pays plus imposants. Il faudrait une politique de grands travaux financés par les états.


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Xavier Dupré