2022-02-02 Justice à Vegas
C'est une série sur Arte Justice à Vegas. Ce n'est pas une série à proprement parler mais plutôt quatre histoires autour de gens jugés pour meurtre. Leurs avocats commis d'office se battent pour leur éviter la peine de mort, ou encore obtenir la possiblité de sortir au bout de vingt ou quarante ans. Il subsiste peu de doutes sur leur culpabilité. Chaque histoire dure deux heures. La caméra est le témoin. Elle voit tour à tour les avocats, les juges, les enquêteurs... Pas de voix off. Ce sont souvent des vies battues, difficiles, qui tout à coup basculent dans l'horreur sans que la personnalité des personnes condamnées puisse l'expliquer. Eux-mêmes ne comprennent pas vraiment ces quelques moments de violence, comme si, pendant quelques minutes, ils avaient rendus tous les coups pris depuis leur naissance, comme si toutes les humiliations de la vie devaient ressurgir en une seule fois, comme si ils avaient voulu se venger de cette vie imposée. Ce sont des vies que la société a isolé peu à peu, marginalisé pour utiliser un terme courant. Ils sont paumés.
Ce n'est pas eux qu'on juge. Cela ne peut pas être eux. Eux-mêmes peinent à raconter deux fois la même histoire.
Cela ne devrait pas arriver. C'est ce qu'on se dit quand on écoute les histoires. Je ne sais pas si la prison leur paraît presque sympatique. Le contraste est grand entre leur calme dans le parloir et la conclusion funeste de leur vie dissolue. La première histoire montre un frère et une soeur. Le premier choisit d'endosser tous les torts pour espérer sauver sa soeur. Ce choix le dirige de façon quasi certaine vers la peine de mort. Il paraît calme dans le tribunal.
La dernière histoire m'a surpris. C'est celle d'une femme qui ne voit pas que son enfant est en train de mourir après qu'elle a été frappé violemment par son conjoint. Ce dernier est jugé pour meurtre. La cour doit décider si elle a choisi d'ignorer son enfant par amour pour lui. L'avocat qui la défend est démuni face à elle. Il ne sait plus quoi lui dire pour l'aiguiller dans la bonne direction. Son conjoint a tué sa fille mais elle ne peut pas s'empêcher de l'aimer, au point de lui écrire une lettre d'amour érotique en plein tribunal. Elle ne voit que lui.
La solitude doublée d'un sentiment d'injustice peut vraiment nous faire dérailler.
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Xavier Dupré
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