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2014-07-05 Intermittents, publicité sur internet, Big Data et long tail

Il est difficile d'échapper aux articles traitent de la grève des intermittents du spectacle. Je suis tombé sur ce billet Intermittents : Quand la culture «justifie tous les égoïsmes» qui s'interroge sur le déficit de l'UNEDIC. Selon l'article, le régime des intermittents est responsable d'une partie de ce déficit plus importante (25%) que le nombre d'intermittents rapporté à l'ensemble des travailleurs (3,5%) et ce n'est pas juste. Je ne sais pas si c'est juste ou pas mais on peut relier cela au principe d'une assurance qui est de mutualiser le risque. L'argent dépensé ne l'est que par une minorité de gens. On peut s'interroger sur le sens du mot juste dans ce cas. On pourrait argumenter que le déficit de l'UNEDIC est en grande partie causé par les intermittents depuis déjà plusieurs années. On pourrait répondre que les personnes âgées sont aussi celles qui concentrent une grande partie des dépenses de santé. Si on regarde la situation dans différents pays, on peut se demander si le sens du mot juste ne dépendrait pas du pays dans lequel on le considère. L'auteur conclut en suggérant que les intermittents mutualisent les risques au sein de leur communauté. Mathématiquement parlant, ce n'est pas la plus sûre des solutions car ce serait une population exposée aux mêmes risques. Il en est de même pour toute communauté puisqu'un tel groupe assemble des personnes qui se ressemblent. Il est préférable et plus efficace de mutualiser des risques qui ne sont pas corrélés entre eux. Tout trader vous le dira.

Ensuite ce même billet s'interroge à propos du fait que les intermittents ont relativement peu de considération pour le public puisque bénéficier d'un financement est public est surtout ce qui les intéressent, faire un spectacle qui plaise, soi-disant beaucoup moins. Je doute qu'aucun artiste veuille se retrouver devant une salle vide. D'ailleurs, l'auteur suggère d'utiliser le vote du public pour les récompenser. Pas de public, pas de vote. Le vote est souvent la règle dans le monde numérique. Les publicités sur Internet sont ordonnées en partie en fonction du nombre de clics qu'elles reçoivent. Les recommandations de livres ou de produits sont également ordonnées selon le nombre d'achats ou de clics. Ce ne sont pas à proprement parler des votes mais ils expriment les goûts (instantanés) du public. L'article Pourquoi la longue traîne ne marche pas ? montre que cela aboutit à un appauvrissement de la diversité. Par extension, le vote du public pourrait réduire l'offre de spectacles, pas en quantité, mais en diversité. Sans diversité, le public aime plus souvent ce qu'on lui propose, mais il n'a pas plus l'occasion de découvrir d'autres choses, de les détester et de les aimer davantage. Sans diversité, il est possible que la lassitude le gagne. mais c'est un effet de long terme qu'on ne sait pas mesurer.

La création artistique est très semblable à la recherche scientifique en ce sens qu'on essaye beaucoup et on réussit de temps en temps. On se trompe, on recommence, on affine, l'erreur est inévitable. Rater fait partie du processus de recherche et de création. Le Big Data (voir Big data football club) est un domaine prometteur. Du fait de leur volume, il est très difficile d'en extraire de l'informatique. Une des méthodes les plus efficaces est curieusement d'explorer aléatoirement (par exemple Méthode de Monte Carlo, Multi-armed bandit, Random Walk Algorithms for Movie Recommendation). En explorant aléatoirement, on prend beaucoup de mauvaises décisions à court terme mais on gagne plus à long terme. De là à penser que la meilleure façon de trouver le spectacle parfait serait d'en créer une multitude aléatoirement...


Xavier Dupré