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2015-07-19 L'anonyme n'existe plus

Vous êtes au restaurant et brusquement, le serveur vous rappelle que c'est votre anniversaire avec une bougie sur votre dessert. Mais comment a-t-il fait ? Restaurants Are Googling You Vous avez probablement réservé avec votre nom et le serveur a trouvé votre profil facebook...

2015-07-05 Le voyant lumineux est allumé

Les stations de métros défilent sans que je m'en rende compte, le nez plongé dans un livre. Le dernier que j'ai lu, Loar de Loïc Henry, était proche de Dune, une sorte de mélange de magie et de futur qui semble très lointain voire improbable contrairement de celui de The Minority Report de Philip K. Dick qui pointe le bout de son nez soixante ans après son écriture. Qu'auraient dit nos grands-parents à mon âge si on leur avait dit que ce futur existerait dans soixante ans ?

On a le temps d'y penser...

Oui sans doute, mais on n'y pense jamais. Le réchauffement climatique est passé d'un danger qu'on peut empêcher à une certitude qu'on accepte avec fatalité. Conçu après la guerre, gratuit, le système de santé s'adressait à une majorité de gens en bonne santé qu'on soignait avec une médecine très peu chère car nous ne disposions pas de toutes ces machines très élaborées. Le régime de retraite fut imaginé aussi après la guerre mais l'espérance de vie a quelque peu évolué depuis. Beaucoup de systèmes sont pensés sur des données présentes - comment faire autrement - et sont fournis sans recommandations pour les années futures.

Ah au fait, le système ne marchera plus très bien si jamais on sort de ce cadre là...

Il est plus facile de stopper une centrale nucléaire que le régime de retraite. On mesure tout un tas d'indicateurs afin d'éviter l'accident. Et pour les retraites... Elles ont été mises sur pied car c'était possible à l'époque. Quelques années plus tard, au diable les aspects techniques, seul le principe demeure. Pourtant, faire durer le principe, techniquement, ce n'est pas aussi simple.

Et dans soixante ans, imaginez qu'il n'y ait plus que des métiers créatifs. Le moindre travail manuel est effectué par un robot. Que deviendrait le principe de vacances dans ce contexte ? Que deviendront les artistes si on le devient tous un peu ? On n'en voit d'ailleurs pas beaucoup dans les livres de science fiction. Avez-vous le souvenir d'une mise en abyme, d'un auteur de science-fiction se représentant lui-même dans la période qu'il décrit ?

2015-07-03 Livres, films, couches, prêts... Amazon en assurance ?

C'est paru il y a deux jours : Amazon va faire du crédit aux PME en Europe et en Chine. Amazon sera capable de décider de prêter ou non de l'argent en une journée pour des montants allant de 1000 à 600.000 euros à des taux de 6% à 14%. L'article met en avant la simplicité et la rapidité du système. Derrière ces deux mots, je suppose qu'Amazon aggrègera de nombreuses informations autre que celles récupérées depuis le questionnaire proposé à l'emprunteur (informations géographiques, économiques, web scraping, livres achetés chez Amazon...) Derrière la rapidité se cache probablement le machine learning et des modèles capables d'aggréger toutes ces informations disparates.

Je fais un parallèle avec la reconnaissance d'image ou plus particulièrement celle des chèques. Un ordinateur lit le montant à partir d'une image. Il retourne une prédiction (le montant) avec un score (un nombre entre 0 - mauvais et 1 - bon). Concrètement, l'ordinateur permet de traiter 80% des chèques les plus difficiles et laisse le reliquat à des opérateurs humains. Le modèle d'Amazon ne devrait pas être si éloigné : la société va s'emparer d'une part de marché correspondant aux empunteurs faciles à catégoriser tout en proposant des taux de d'emprunts plus faibles que ceux de la concurrence grâce à un coût de traitement plus faible expliqué par une chaîne de traitement automatisée. Le reliquat des autres emprunteurs devra être traité manuellement probablement par les acteurs de ce secteur qui se partageront la part la plus difficile à gérer et la moins rentable. Après les livres, les films, et à peu près tout ce qui se vend de non périssable, les prêts, que reste-t-il... Les contrats d'assurance ?

2015-06-22 Artiste engagée

On aime les histoires du petit qui gagne contre le grand méchant comme en témoigne ces titres d'articles de presse tous à propos de la même histoire : Taylor Swift contrôle tout, même Apple fait allégeance, Taylor Swift pasionaria des ayants droit, Apple Music plie sous le boycott de Taylor Swift, La superstar Taylor Swift fait plier Apple. En résumé, Apple lance un nouveau site de streaming bientôt et offre les trois premiers mois gratuits à tout nouvel utilisateur. Pendant ces trois mois, Apple, dans un premier temps, aurait décidé de ne pas rémunérer les artistes. Le billet de Taylor Swift To Apple, Love Taylor l'en aurait dissuader. C'est peut-être un modèle économique qui s'installe petit à petit, comme le suggère cet article du Courrier International Industrie musicale : la fin de l'effondrement ?. Le streaming se prête sans doute un peu mieux à la musique qu'à la lecture Amazon va rémunérer ses auteurs à la page lue. Je n'ose imaginer l'influence d'un tel système sur la longueur des livres ou la rédaction de ces fameuses cinquante premières pages au-delà desquelles le lecteur est accroché.

Pour infléchir la politique d'Apple, il ne faut pas être si petit, Taylor Swift vend beaucoup de disques, et il faut en avoir envie. Ce que je retiens aussi, c'est que cette chanteuse a atteint très jeune une renommée que d'autres acquièrent bien plus tard, un peu trop sans doute pour avoir envie de changer le monde qui les a vus galérer. Et elle s'en sert.

Selon les articles de presse, le propos de Taylor Swift est juste en ce sens que les artistes ne devraient pas avoir à assumer une part des risques du lancement d'une nouvelle plateforme de streaming car il est peu probable que les gens consomment encore plus de musique. L'argument financier a sans doute plus porté que l'équité défendue par l'artiste. C'est en tout cas ce que suggèrent les articles de presse. Ce n'est pas sans rappeler la bataille entre Hachette et Amazon Guerre entre Amazon et Hachette : un roman en 5 chapitres. Mais Taylor n'a pas encore écrit sa biographie.

2015-06-14 Le troc à grande échelle et l'économie du numérique

Je recopie une des réponses de Henri Verdier extraits de l'article Colin-Verdier : « Le processus de sélection des élites est problématique ».

Si l'économie contributive devient l'économie du travail gratuit, ça devient embêtant. Si la moitié de nos revenus ne vient plus de notre travail mais de ce que l'on prête notre voiture, notre appart, notre perceuse, on va entrer dans un monde qui n'était pas préparé pour cela. Et en particulier pas l'Etat, ni la régulation, ni le fisc. A mes yeux, il reste un problème, le fait que le travail n'est plus tout le temps sous contrat. On le voit déjà aujourd'hui, des gens organisent leur vie avec beaucoup de Blablacar, de Airbnb et de UberPop.

L'économie du numérique commence sérieusement à perturber notre système fiscal et donc notre système de répartition. En quelque sorte, l'économique numérique nous offre la possibilité de faire du troc à grande échelle. Prêter son appartement, sa voiture... Malgré toute sa complexité, notre système fiscale peine à s'immiscer dans cette économie.

2015-05-09 Data Scientist à San Francisco

Clément, "data scientist" à San Francisco pour 5 950 euros par mois Avec ce salaire-là, on se place dans les 3% les mieux rémunérés en France. Je serai curieux d'avoir le même aperçu dans dix ans, avec les coûts liés à la garde des enfants, leur éducation.

2015-05-08 Collectionneur de numérique

Je suis tombé sur un documentation d'envoyé spécial Vieilles voitures : la rouille à prix d'or et suis resté scotché devant l'engouement des collectionneurs pour les vieilles voitures, presque des épaves pour certaines d'entre elles. Après trente ans, elles sont d'ailleurs considérées comme des oeuvres d'art et bénéficient du régime fiscal associé. La résistance au temps est sans doute le meilleur critère qui donne de la valeur à tel ou tel objet. La rareté vient en second. Ceci pourrait-il s'appliquer au domaine numérique ?

La rareté est assez difficile à concevoir. Comme toute chose numérique, une fois que ça marche, c'est très facile à reproduire. Le support numérique ne vieillit pas. Certains codes vieux de trente ans sont toujours de mise, des jeux ont été portés des vieux ordinateurs aux plus récents. Ils ne nécessitent pas d'entretien particulier. Le reportage suggérait qu'on collectionne les voitures dans lesquelles nos parents nous ont fait voyager. C'est de là que vient notre envie de conserver des vieilles choses. D'ailleurs, je crois que je pourrais passer des heures dans une vieille Dyane verte. Je suis trop vieux pour avoir grandi avec une tablette à mes côtés. Ces objets ont aussi la fâcheuse tendance à passer très vite sans nous laisser le temps de nous y attacher. Est-ce qu'un enfant né aujourd'hui pourrait refaire marcher une tablette d'aujourd'hui comme mon père serait capable d'aller farfouiller le moteur d'une voiture... Ou peut-être qu'on pourra simplement imprimer en 3D des objets électroniques, alors une voiture...

2015-03-23 Une petite vision du futur

La vie algorithmique, critique de la raison numérique, Eric Sadin, Il faut lire l'ouverture qui raconte une journée type telle que vous pourriez la connaître d'ici quelques dizaines d'années si la plupart de vos données étaient utilisées pour anticipez vos besoins.

Dans un autre registre, France 4 diffuse une série animée Pyscho Pass. A l'instar de Ghost in the Shell, la série se ballade dans une société futuriste plus ou moins proche de celle d'aujourd'hui. Le psycho-pass est un indice de violence calculé en temps réel pour chaque individu. S'il est trop élevé, la société vous rejette. Ce seraient sans doute un peu ce genre d'indice que les agences de surveillance aimeraient bien construire.

2015-03-15 Données d'assurance maladie

Les données d'assurance maladie sont disponibles depuis peu sur data.gouv.fr : Dépenses d' assurance maladie hors prestations hospitalières par caisse primaire/département. Je recopie ici la description des variables de la base de données histoire de données une petite idée de ce qu'on peut en faire (voir plus bas).

On peut vaguement imaginer tout ce qu'on pourrait en faire comme observer les différentes saisonnalités dans la médecine, saisonnalité des actes, saisonnalités géographiques, d'observer des tendances même si la période couverte par les données est assez courte. On peut croiser ces données avec la répartition des médecins et détecter les zones où il manque des médecins.

Cela donne une idée aussi de ce qu'on ne pourrait pas faire comme cette étude Prescription Savings Worth Millions Identified by ODI incubated company qui utilise des données géographiques et le nom des médicaments prescrits pour situer sur une carte les prescriptions d'un médicament précis et d'observer certaines disparités.


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2015-03-14 Ingénieur citoyen

C'est une petite histoire pas encore assez citoyenne mais qui a envie de le devenir et que je prendrais par un bout différent de celui par lequel je l'ai découverte. Le début que j'ai choisis est le récit développé par cet article : Innovation : "L'Etat a besoin de nos mains, pas seulement de nos voix" qui retranscrit et résume un peu les propos de la fondatrice de CodeForAmerica, tenus au sein d'une conférence organisée par Google. Je le précise car ce point est intéressant compte tenu de son discours.

Je passerai sur la première histoire qu'elle developpe - l'amélioration du site internet de Honolulu - même si elle exprime que la société n'est pas aussi individuelle qu'on pourrait le penser et que travailler pour une cause collective est source de motivation au même titre que de s'investir au sein d'une association.

C'est sans doute une Lapalissade que de dire que les données sont partout. Lorsqu'on parle de réseau, Facebook est le premier mot qu'on associe. Liker fait déjà partie des mots courants et le flot de petit like donne une bonne indication de la popularité de telle ou telle chose. Facebook est une société privée qui propose un service dont nous nous passions il y a quelques années. Pourtant notre quotidien n'a pas évolué avec la même célérité. La récolte des poubelles est toujours manuelle et votre médecin n'utilise pas encore votre smartphone pour prendre votre pouls à distance ou observer l'intérieur de vos oreilles. Le site internet de votre mairie évolue doucement à votre grand regret et vous vous demandez s'il n'y aurait pas un meilleur usage de vos impôts. Avant de vous confondre en plainte, je cite un chiffre extrait de la présentation de Jennifer Pahlka : entre 2003 et 2012, 3555 projets techniques ont été menés par le gouvernement américain, 6.4% seulement ont été des succès. Cela ne veut pas pas dire que tous les autres ont été des échecs, plus de la moitié ont tout de même été abandonnés, mais pour les autres, le budget et le calendrier initialement prévus ont été revus à la hausse. Ce chiffre concerne les Etats-Unis mais je serai curieux de connaître ce chiffre pour la France : Echec informatique d'une réforme.

Je cite un extrait de sa présentation : Vous ne pouvez pas gouverner un pays si les élites de ce pays ne comprennent pas la technologie aussi bien qu'ils comprennent l'économie. Une des conséquences, certaines réformes échouent parce que le gouvernement n'arrivent pas à les mettre en place. Le site internet ne fonctionnent pas


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2015-03-10 Impossible n'est pas français

Cultiver des tomates sans pesticides et dans un lieu hostile, c'est possible : Tomates sans eau ni pesticide : cette méthode fascine les biologistes. Si c'est impossible, c'est sans doute qu'on n'a pas cherché assez longtemps. Plutôt que de renoncer à cultiver des tomates sur une parcelle assez hostile pour les tomates, un agriculteurs a insisté. Si la première année a été très peu productive, les tomates se sont adaptées et les générations suivantes se sont adaptées.

2015-03-08 Kartable, les programmes depuis la sixième à la terminale

J'ai découvert le site très réussi Kartable à partir duquel on peut aisément découvrir les programmes scolaires de la sixième à la terminale. Je n'y vois pas encore l'informatique ou une quelconque allusion au numérique. C'est peut-être pour bientôt.

2015-01-27 Mesurer l'intensité de votre Wifi

J'ai depuis quelques temps des maux de têtes très persistents. Il paraît que le cerveau est l'organe le plus mystérieux. Je me fie donc aux habitudes. Qu'ai-je donc changé qui puisse expliquer ces céphalées ? Je ne sais pas encore si je trouverais une réponse autre qu'une prise régulière de paracétamol mais à force de chercher sur internet une raison à tous mes symptômes, je suis tombé sur la sensibilité électromagnétique. Le wifi n'est pas tout à fait inoffensif à en croire l'expérience menée par des lycéennes : Des étudiantes danoises tentent de démontrer la nocivité des ondes WiFi. Le résultat est sans appel : le cresson ne pousse pas à côté d'une borne wifi. Je ne sais toujours pas ce qu'il en est pour mon cerveau. Pourtant, le wifi est suffisamment perturbant pour que des chercheurs se penche sur la création d'une peinture anti wifi. L'aluminium semble être une protection efficace contre l'extérieur à condition de ne pas s'enfermer dans une boîte en aluminium avec son propre wifi.

On peut lire également les recommandations de l'ANSES à propos des Radiofréquences, téléphonie mobile et technologies sans fils. Le rapport est assez long et rédigé dans une langue très factuel et précautionneuse. Il a pourtant débouché sur une loi en début d'année 2014. Mais on en trouve quelques résumés plus explicites dans des journaux étrangers : WiFi banned from pre-school childcare facilities in a bold move by French government qui m'a permis de retrouver une source française : L'Assemblée adopte un texte de compromis sur les ondes électromagnétiques. Pas de wifi dans les crèches, pas de publicité pour les tablettes pour les moins de 14 ans.

Les parents australiens ne sont pas convaincus par la non-nocivité du wifi même si on leur dit le contraire : Australian parents demand school Wi-Fi ban despite ARPANSA saying it's safe. Un maire a jugé le sujet suffisamment important pour bannir le wifi de toutes les écoles de sa ville dès 2009 : Hérouville-Saint-Clair coupe le wifi à l'école. Les enfants y sont a priori plus sensibles : Cell phones: 50 percent increase in frontal and temporal lobe tumors in children.

Bref, et mes maux de tête ? Je suis tombé sur ce logiciel Vistumbler. En quelques clics, on découvre tous les wifis qui traversent son salon. Tout s'exprime en DBm qu'on peut convertir en watts ou volts par mètre. J'ai découvert que le wifi du voisin m'inondait à une intensité plus forte que mon propre wifi. Free semble être l'un des plus puissants sur le marché et la freebox émet trois signaux wifi contre un seul pour ma livebox. J'ai d'ailleurs désactivé la mienne et je me connecte avec un câble. Selon les box, la désactivation du wifi est plus ou moins facile Comment désactiver le wifi ?. Celle de free a l'air d'être la plus compliquée avec la Freebox V6. Depuis 2003, les assureurs n'assureraient plus les dommages liées aux champs magnétiques. Je n'ai pas vérifié ce qu'il en était à propos de mes contrats d'assurances mais le fait que je n'en sache rien m'incite à penser que je ne savais pas ce que c'était au moment où je les ai signés.

Une chose me surprend : je peux désactiver le wifi mais je ne peux pas régler son intensité. Je sais pourtant que le signal traverse quatre étages. J'ai essayé avec une voisine. C'est quand même incompréhensible qu'on ne puisse pas ajuster la puissance du signal.

Je vais continuer mes petites expériences. En utilisant Vistumbler, on s'aperçoit que la puissance du signal n'est pas la même partout dans l'appartement. On reçoit très bien avec une puissance de -50dbm. Il n'est pas utile d'aller au delà. A deux mètres de ma box, le signal est aux alentours de -30dbm. J'essaye de voir si mes maux de têtes sont corrélés à ce niveau d'intensité.

Bref, si j'en crois ce que j'ai lu, il n'est pas inconcevable d'avoir mal à la tête à cause d'un signal wifi trop fort et il vaut mieux désactiver le wifi si vous êtes assurés et si vous avez des enfants en bas âge.

Le Monde 30 janvier 2015 Une loi pour encadrer l'exposition aux ondes. Le wifi est interdit dans les crèches. Les opérateurs de télécommunication ont l'obligation de remédier aux points atypiques ou pics d'exposition. On pourrait décrire cela comme le confluents de plusieurs sources d'émissions. Si on pouvait entendre les ondes, on percevrait ces endroits comme ayant un niveau sonore nettement supérieur au bruit de fond ambiant. Pour une image plus visuelle, cette vidéo remplacera avantageusement les mots : Réflexion au foyer d'une ellipse.

Quelques articles du futur...

22/10/2018 : Les ondes du compteur Linky sont-elles dangereuses ?

2015-01-24 La donnée isolée et la moyenne

Les données sont légions et n'attendent que d'être intégrées à une histoire qui selon les personnes prend le nom d'interprétation, de modèle, d'analyse, de synthèse. Mais bien mystérieuse est la gestation de cette histoire. Mon premier témoignage d'une avalanche de chiffres remonte sans doute à Matrix où un programmateur fascinant interprétait un déluge de bits en temps réel sans aucune lampe stroboscopique dont tout humain normal aurait eu besoin pour espérer y voir quelque chose.

Nous ne sommes pas vraiment capables de donner un sens à une telle diarrhée numérique. Le plus souvent, on en fait la moyenne ou la médiane et on en garde que ce seul chiffre qui devient la seule chose à raconter. Personne n'aime affronter une tonne de chiffres mais savoir que celle-ci a accouché d'un seul nombre qui résume le tout, ça rassure et c'est simple à retenir. Le salaire médiane, le salaire moyen des ministres du gouvernement, le nombre d'élèves moyens par classe, le taux de chômages (moyen), le QI moyen, on fait une somme, on divise, on est content. On se sent même un peu savant dès qu'on parle d'écart type, un peu plus encore si on évoque les corrélations.

Et puis tout de suite, comme ces moyennes ont un poids certain, on se compare à elle. On est au dessus. On est heureux. On est en dessous, on se sent lésé. Tout à coup, on sait où on se trouve. On se sait rien du voisin mais on sait tout des français. Moi (donnée isolée) contre les autres (données agrégées), un grand classique. Lorsqu'on est du bon côté, on se repose, du mauvais, on a enfin trouvé l'objectif : la moyenne ou mieux encore, le premier quartile.

Et puis patatras, j'ai calculé le taux moyen de guérison de deux hôpitaux pour choisir le meilleur. Et je n'aurais pas pris toutes les données en considération, j'aurais raté un morceau de l'histoire ? C'est Le paradoxe de Simpson. J'hésite entre deux hôpitaux, le premier a un taux de succès de 98%, le second 90%. - Ah bon, tu hésites ? - Allez, on y va.

Un peu plus tard.

Tu lis quoi sur le fronton ? Euh... Chirurgie esthétique. - Tu n'aurais pas pu le dire avant ! - Mais tu m'as dit de prendre le meilleur. - Le meilleur pour ton type d'opération ! - J'ai oublié de regarder cette donnée.

2015-01-22 C'est quoi les données, c'est quoi le Big Data ?

Dans le film Bienvenue à Gattaca, le héros joué par Ethan Hawke doit non seulement faire disparaître ses traces mais aussi laisser celles de celui dont il usurpe l'identité. La moindre inattention peut jeter le doute voire dévoiler le stratagème. Une empreinte digitale inattendue interpelle immédiatement. Comme c'est inattendu, il faut lui trouver une explication.

La donnée : c'est une information juste avant qu'elle ne devienne partie intégrante d'une histoire, juste avant qu'on l'interprète. Et comme le suggère ce film, on en laisse partout et tout le temps. On en génère tellement qu'on est forcé de ne pas y prêter trop attention. La moindre connexion internet, la poussière sur le plancher, la température de l'eau, la fuite d'air à la fenêtre. C'est une donnée dès qu'on la décrit. Il y en a tellement qu'on les oublie rapidement. C'est juste un fait divers.

Mais pourquoi sont-elles si populaires maintenant ?

Une des raisons est qu'elles restent plus longtemps. La poussière sur mon plancher disparaît avec l'aspirateur. La connexion à un site internet restent plusieurs mois dans plusieurs fichiers de plusieurs machines différentes. Ces données numériques ont la vie dure. Ca n'explique pas pourquoi elles sont populaires. Seulement, du fait qu'elles restent plus longtemps, on a plus de temps pour les observer et leur donner du sens.

Comment donne-t-on du sens aux données ?

Les statistiques y sont pour beaucoup même si ce terme n'est pas une explication en soi. David Hume dans Enquête sur l'entendement humain nous apporte quelques éléments de réponses. Nous sommes tous très amnésiques mais une des façons qui nous permet de retenir est la répétition. Une observation, une donnée, commence à prendre du sens dès qu'elle se répète. Pour citer Hume :

De causes qui paraissent semblables, nous attendons des effets semblables. Telle est la somme de toutes nos conclusions expérimentales.

Les marins utilisaient les étoiles pour se repérer. Ils ont su associer la position d'une étoile dans le ciel (une donnée) de la même étoile à la même position une année plus tard (la donnée est répétée). C'est le début de la connaissance : chaque année, la même étoile est à la même position dans le ciel. On peut l'utiliser pour se repérer.

Et Big Data ?

La somme des données qui se rapporte à la même personne est quasiment infini. Seulement, aujourd'hui, elle persiste. Qu'en faire ? C'est tellement énorme que ce serait comme découvrir toute la voie lactée le même jour. Il faudrait une vie pour l'étudier... Sauf que... on a maintenant des ordinateurs qui font plein de calculs très rapidement. Alors on reprend notre cher Hume : on se répète beaucoup ! On fait presque tous les jours la même chose, et si ce n'est pas tous les jours, c'est toutes les semaines. Nous avons une vie rythmée - au sens musical -. Alors en comparant toutes les journées entre elles, et avec un bon ordinateur, on arrive à déterminer les habitudes et les goûts de chacun.

Et alors ?

Et bien c'est d'abord très drôle. On porte un bracelet au poignet qui enregistre les déplacements. On peut compter ses pas, enregistrer son poids tous les jours. C'est un peu comme si découvrait qu'on n'était plus intéressant que le voisin parce qu'on découvre plein de choses sur soi-même. Et le voisin, il n'est plus aussi intéressant ? Si si toujours, mais c'est lui qui nous montre sa courbe de poids, alors ce n'est plus aussi drôle. Et puis, quand on mange un carré de chocolat, on peut le mesurer tout de suite. Et ça c'est fun.

Autrefois si éphémères, les données sont quasi éternelles, et elles disent beaucoup de choses. Votre enfant sera peut-être dans 25 ans archéologue numérique. Les listes des relevés de cartes bleues pourraient permettre tout à la fois d'ajuster un régime alimentaire mal équilibré qu'à prédire la probabilité d'avoir un cancer (sauf si vous achetez toujours tout y compris votre whisky préféré en liquide).

Tu as vu le Monde aujourd'hui ? Les français prennent du poids à Noël ! - Incroyable, ils ont piraté ma balance numérique ! - Euh... tu es sûr ?

Les données, d'accord... et le bruit alors ?

C'est Agatha Christie qui nous apporte la réponse. Hercule Poirot avait coutume de dire que le meurtrier est un homme parfaitement normal qui cherche justement à l'être le seul jour où il ne l'est pas. Il pense à chaque instant à gommer tout ce qui pourrait éveiller les soupçons. S'il avait envie de manger une petite gâterie, il y renoncera car d'hatitude, il prend un jambon beurre à midi. Le meurtrier évacuera pour une journée toute fantaisie. Et pourtant, ce sont tous ces petits aléas qui font qu'une journée est parfaitement normale, tous ces petits détails qu'on n'est incapable de retenir, tous ces petits détails qui, parfois, sont remarqués par votre collègue car justement ils sortent de l'ordinaire. Mais si toute la journée, un meutrier pense à son crime, il n'y a plus de relâchement possible et il va chercher à gommer ces petits aléas qui attirent l'attention. En fin de compte, il aura paru tout à fait normal, bien trop normal pour être vrai, d'après Hercule Poirot. Le bruit, ce sont les fausses notes de la journée par rapport à une journée parfaitement normale, fausses notes délicieuses pour toute personne sensée, fausses notes malheureuses pour tout statisticien sensé.


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Xavier Dupré