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2009-05


2009-05-24 Les mamies voleuses

Avez-vous déjà essayé de dire à une Mamie de soixante-dix ans qu'elle avait glissé un paquet de biscuits sous son manteau ? Eh bien vous n'êtes pas les seuls ! Les vigiles des supermarchés sont débordés par l'ampleur du phénomène. Les mamies chipent. Elles sortent des magasins en gloussant comme des petites folles et se rendent à leur partie de thé où elles s'échangent leurs menus chapardages. Lorsqu'on les interpelle, elles ne manquant pas d'aplomb. "Comment osez-vous m'accuser, jeune homme, je n'ai jamais rien volé en soixante-dix ans, même pendant la guerre et ce n'est pas demain que je vais commencer !" Aucune n'avoue, au besoin, elles accusent les autres, les jeunes, qui sont de plus en plus mal élevés, selon elles, au point même de glisser des paquets dans le caddie des vieilles femmes pendant qu'ils emportent tranquillement les leurs. Les petits-enfants sont très contents, leurs grands-mères leur racontent leurs prouesses et partagent leur butin. Les parents ferment les yeux. C'est la crise, disent-ils, et c'est de bonne guerre face aux entreprises qui les licencient. Mamie Robin des Caisses, c'est ainsi qu'on les surnomme. Depuis quelques jours, on note une soudaine épidémie d'Alzheimer en terrasse des cafés. Les maris ne sont pas en reste ; ils enfilent leur plus beau costume, tout ravis d'aller faire un scandale en toute mauvaise foi.

2009-05-22 Chut Alice, Papa pédale

Tout le monde se met à la pédale. Les maris retrouvent un semblant de vertus en pédalant aux côtés de leur épouse qui cuisine. Il n'y a pas de petites économies. Ce vélo d'appartement est d'une étonnante simplicité puisqu'il se branche sur le secteur. En coupant le disjoncteur, on pourra s'apercevoir que les ampoules continuent de fonctionner à condition toutefois de pédaler. Livré avec une petite télévision, cet appareil restaure l'harmonie des couples. Le maris pédale tout en suivant son match de foot tandis que la famille regarde son film préféré. La bière disparaît entre deux coups de pédales. Certains vélos sont même vendus avec un petit compteur de calories dépensées. Il est même possible de stocker l'énergie, la rotation entraîne un ressort qui se détend lentement pendant quelques dizaines de minutes. L'entreprise qui les produit est en rupture de stock. Il faut dire que l'argument de vente était convaincant puisqu'il annonçait que le vélo permettait d'économiser son prix à raison d'une heure de pédalage par jour pendant six mois. On en trouve maintenant de toutes sortes, des petits, des grands, des vélos muraux, des roues pour les souris, des hélices pour les serpents. On arrête plus les fabricants. Même le vélib de Paris s'y met. La première station de pédalage fixe vient d'être inaugurée près des Halles : on y fait marcher les fontaines. La seconde s'ouvrira place de l'Opéra et l'énergie produite sera directement reliée au métro. La troisième vient d'être créée à Montmartre où il est impossible de s'asseoir aux terrasses des cafés, on pourra dorénavant se faire servir le café à une place pédalo. On pédale pour la bonne cause. Hommes et femmes s'assoient côte à côte. Il paraît que ces places vélib-sur-place sont les derniers lieux de drague en vogue. On y vient montrer son altruisme.

2009-05-21 La couture détrône l'acupuncture

Dans ces nouveaux cours où s'entassent les gens, on s'intéresse de près à la reprise. La société de consommation pourrait bien prendre fin. Aujourd'hui, on ne jette plus les vêtements qui se déchirent, on les garde pour les user jusqu'à ce qu'ils ne soient plus que coutures. Depuis que l'été est revenu, Josette, une vieille couturière à la retraite, installe son atelier dans la rue. Une planche, deux tréteaux, une machine et Josette est bientôt entourée de voisins, de passants qui ne cessent de lui poser mille questions. On se déshabille sur le trottoir, on se tortille pour enlever pudiquement son soutien-gorge afin que Josette guide vos doigts sur le tissu. On enfile un petit pagne que Josette vous prête gentiment pendant que son pantalon ou sa jupe passe sur la table d'opération. On sait aux éclats de rire que quelqu'un s'est piqué ou que l'aiguille a traversé plus de couches qu'il ne fallait. Mêmes les hommes un tantinet timides se résistent pas à cet engouement et finissent par atterrir devant la machine à pédales, celle que préfèrent tous ces sportifs. Josette n'est pas la seule. Comme elles, de nombreuses retraitées sont transfigurées à l'idée de devenir le centre de ces foules de zèbres. On observe de plus en plus des vêtements sécher sur les balcons, on montre avec fierté ses dernières créations. Les puces de Paris sont envahies, les fabriques de bobines de fil n'arrivent plus à produire. Yves Saint Laurent ne fait plus recette. A l'époque des défilés, c'est tout le quartier qui pose dans des tenues maison. Mais ce revirement ne fait pas que des heureux. Le Docteur Wan Chi se sent déprimé. Ses clients annulent leur rendez-vous d'acupuncture pour aller se détendre en se piquant les doigts. Georges, le mari de Josette est devenu très ronchon. Il clame haut et fort qu'il n'a jamais cousu et ne compte pas s'y mettre. Mais Josette n'en a cure : elles n'a jamais reçu autant de nouvelles de ses petits-enfants. Elle a même appris à envoyer des photos avec un téléphone. Elle s'amuse comme une folle. Sophie, sa petite-fille, lui a assuré que papy se levait la nuit pour découdre ses robes et qu'il l'espionnait en guettant le moment où elle allait les recoudre.

2009-05-20 Paris est devenu le plus grand potager de France

Il vous est certainement arrivé de vous promener dans Paris et de recevoir de manière tout-à-fait impromptue quelques gouttes d'eau sorties d'un grand ciel bleu. Cette histoire autrefois rare tend à se généraliser. Chaque jour, il suffit de lever la tête pour voir de plus en plus de pots de toutes sortes orner les nombreux balcons de la ville. On est toutefois surpris de voir aussi peu de fleurs jaillir de ces minuscules potagers. Il suffit d'agripper un des nombreux télescopes surplombant la ville de Paris pour apercevoir des tomates, des carottes, des courgettes et toutes sortes de légumes. Même les toits de Paris qui jadis arboraient une couleur de zinc se parent de feuilles vertes. Les pompiers pestent contre les nombreuses gouttières bouchées, les parisiens ne cessent de se plaindre de l'humidité de la ville. On craint même le retour du paludisme. Les agriculteurs rouspètent, ils n'arrivent plus à vendre. Les Parisiens chantent, les appartements sous les toits n'ont jamais été aussi frais et leurs prix n'ont jamais été aussi haut. Le potager mural est en rupture de stock mais quel bonheur de manger des légumes frais cueillis du haut de son escabeau. La consommation d'eau de Paris a grimpé, mais qu'importe : les objectifs de réduction de la pollution ont été dépassé. Les camions sont moins nombreux à fournir Paris. Il n'est plus rare d'arriver avec son aubergine au restaurant. Les appartements avec terrasse s'arrachent. Les supermarchés conduisent leurs client sur leurs toits. Le vin de Montmartre n'est désormais plus le seul. Les soirées sont écourtées pour se dépêcher de revenir arroser sa plante verte. L'eau s'écoule sur les trottoirs, les femmes évitent les chemisiers blancs dont les fines gouttes révèle la transparence pour le plus grand bonheur des passants et des passantes. Il est désormais anodin de s'embrasser sous le gui. Et pour couronner le tout, le pigeon est apprécié pour sa propension à manger du moustique et à fertiliser les toitures. Les trains sont malgré tout en retard : les plantes grimpantes engendrent des faux contacts. Les Parisiens sont de moins en moins célibataires : quand certaines tombent du toit, d'autres les rattrapent. Les allergologues sont complètement dépassés.

2009-05-19 Les cheveux sales : c'est la crise et c'est écologique

L'industrie automobile n'est pas la seule touchée par la crise. Une information passée inaperçue relate discrètement la mise en faillite d'une fabrique de savon dans le sud de la France. La perte de ces quelques dizaines d'emplois met en lumière la baisse significative de la consommation de savons, dentifrices et autres shampooings. Dans les métros, des petits bruits de reniflements se font entendre. On observe également une décroissance des ventes de sacs aspirateur. La presse internationale révèle que la crise accentue les mauvais penchants des uns et des autres. Les Français s'ensalissent. Plus personne ne fait attention aux auréoles sous les bras. Les sous-vêtements se gardent désormais plusieurs jours, les cheveux gras qu'on coiffe à volonté sont devenus très tendance. Les Français puent et personne ne s'en offusque. Certes, on pourra rétorquer que c'est là un moyen simple d'économiser de l'eau, de réduire la pollution due aux lessives, de moins consommer tout en affirmant que la crasse est écologique. Mais est-ce là la bonne façon de procéder lorsque les Anglais inventent le savon qui s'étale bien et que les Hollandais produisent des filtres à eau permettant de réutiliser l'eau du bain ? Pendant ce temps, le Mont Saint-Michel continue de s'ensabler. Les Américains qui n'ont rien perdu de cette farce ont eu l'idée de mettre au point le dentier métallique, un dentier moitié prix mise au point par la société Jaws. Et Pasteur, dont l'action ne cesse de monter, se frotte les mains à l'idée du bouillon de culture que deviendra la France.

2009-05-18 La nouvelle mode des trous de chaussettes

Comme tout bon produit de consommation, les chaussettes ne sont plus prisées par temps de crise. Elles sont reprisées. Plus de boulot, plus besoin de se faire impeccable et les chaussettes ne font pas exception à la règle. Les trous s'agrandissent sans qu'on n'y trouve rien à redire. A un quelconque passant à qui on faisait remarquer que ses chaussettes étaient trouées, ce dernier répondit : "Trouées mais propres !" Les plus courageux retroussent même leur pantalon pour faire étalage de leur gruyère de laine. Bref, une mode est en train de naître. La première paire de chaussettes trouées et neuves vient de sortir, la mode des mocassins sans chaussette peine encore à se développer mais cela ne saurait tarder. Désormais, on drague en se complimentant les trous qu'on s'espionne ostensiblement par derrière. La leçon de Piano, ce célèbre film de Jane Campion, ressort dorénavant dans les salles. Certains cinémas s'offrent même le luxe de fournir des tickets troués. Hier encore, je croisais la première femme aux collants filés. Aujourd'hui, elles étaient une dizaine. Les hommes n'étaient pas en reste, ressortant tous les chemises lavées rapidement dans une eau torride en compagnie de vêtements bigarrés. La crise réinvente la mode. La culotte trouée est aujourd'hui considérée comme plus érotique que la culotte de dentelle. Mais jusqu'où ira-t-on ?

2009-05-17 Les réveils à la poubelle

En signe de protestation, les nouveaux chômeurs ont décidé de jeter leur réveil à la poubelle. Cette nouvelle population anticipe de longs mois au chômage et se met à décaler ses journées. Les personnes retraitées sont ravis de cet afflux de jeunes dans les supermarchés, l'ambiance est plus sympathique, ils papotent au rayon café et parfois, vont même au MacDo ensemble. Barnabé, 30 ans, a découvert sa voisine de dessous, Bernadette, une mamie de 70 ans, dont l'humour est diabolique. Ils passent d'agréables après-midi au café d'en face et s'échangent des recettes de cuisine et des astuces internet. Même si Bernadette estime que les jeunes ont des idées folles, elle a promis de voter comme Barnabé aux prochaines élections. Après tout, dit-elle, à quoi ça sert que je vote pour moi. Le gouvernement s'intéresse de près à ce mouvement de société. En effet, les jeunes est sont une population majoritairement ancrée à gauche.


Xavier Dupré