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grand débat, économie


2019-05-01 Le crash des 737 millions de Notre-Dame

Le titre est en quelque sorte un embrouillamini de termes très populaires ces temps-ci et pourtant ils vont très bien ensemble. Macron a décidé que la loi était un obstacle probable pour la remise en état de l'Eglise Notre Dame. Et c'est là où sans doute, un président tel que lui réagit différemment du commun des mortels puisqu'il a décidé de changer la loi - qui a ce pouvoir ? - Restauration de Notre-Dame: inquiétudes autour du projet de loi d'exception du gouvernement. C'est d'une certaine façon nier le travail des députés qui ont construit ces lois et qui définissent la façon officielle d'entretenir les monuments affiliés au patrimoine français. En quoi l'incendie de l'église de Notre-Dame est-elle une exception non prévue par les lois actuelles ? C'est ce que j'aimerais bien savoir. A l'échelle de l'âge de cette église, cinq ou dix ans se sont pas grand chose même si je peux concevoir que ce soit le bout du monde pour un homme pressé. J'aimerais qu'il soit aussi pressé pour le climat qui ne survivra probablement pas aussi longtemps que Notre-Dame. Je suis sans doute un peu trop exigeant. Je reste curieux néanmoins. Le président souhaite modifier la loi pour rénover Notre-Dame. J'en conclus que l'église qu'il souhaite reconstruire ou la façon dont il souhaite le faire est illégale au regard de la loi actuelle. La loi semblait convenir avant l'incendie quand il s'agissait de la rénover, un chantier qui durait depuis plus de cinq ans. En la révoquant d'un trait de plume, le président rétrograde la loi au niveau d'un moyen et plus celui d'une idée au service du peuple.

Aparté... C'est une église dans les Ardennes qui s'écroule. L'Etat a alloué un maigre budget pour éviter qu'elle ne s'écroule et le maire redoute que ce budget pourtant alloué ne soit réaffecté à une autre église qui a beaucoup plus l'attention des cartes postales.

Je fais un parallèle avec le PSG qui a oublié en chemin le sentiment d'appartenir à un pays, une ville, un club, une idée. Et cette idée est sans doute ce qui vous sauve lorsqu'il reste 10 minutes à tenir pour gagner. Il faut être fidèle à l'idée de Notre-Dame pour la rénover et la loi fait à mon sens partie de cette idée. Les idées n'émergent pas aussi facilement, l'Europe par exemple, c'est une idée pas si facile que ça à appréhender. Idée, idéal, ou simplement projet commun... Reconstruire Notre-Dame en cins ans est tout aussi semblable de vouloir gagner la ligue des champions. L'objectif seul ne définit pas la façon dont il sera atteint. Qu'est-ce qui est primordial dans cet objectif, Notre-Dame ou les cinq ans ?

La firme Boeing a en quelque sorte voulu aller plus vite que la musique pour faire homologuer ses derniers avions. Crashs aériens : Boeing avait désactivé le signal d’alerte des 737 MAX pour le rendre payant. Un appareil était vendu en option : l'appareil qui vérifiait que les signaux des autres apppareils n'étaient pas contradictoires. C'est déjà reconnaître que tous les appareils à bord ne sont pas parfaits et qu'ils fournissent des informations imparfaites et qu'il en fallait un autre pour extraire du tableau de bord jamais complètement rassurant une information un tant soit peu exploitable.

Il est facile d'incriminer la personne qui tient le fusil, il est moins facile de désigner la personne qui a pris la décision de réduire la période de mise au point d'un avion pour des questions financières. Quand on prend ce genre de décision, on est si loin des conséquences et tant de gens sont impliquées entre la décision et sa mise en pratique que la sanction de l'échec est une chose très abstraite. Un de mes amis est mort dans un boeing 737 max, un avion pas suffisamment testé pour des raisons financières produit par une industrie mi-privée, mi-publique puisqu'en partie subventionnée. Le respect des règles de certification auraient peut-être pu rattraper cette erreur. Une concurrence dure ne semble pas être une très bonne chose pour les avions dont la conception prend des années. Elle ne paraît pas déboucher sur une saine émulation. Imaginons qu'un ingénieur aie dit au patron de Boeing que l'avion a une chance sur 10000 de connaître un problème... Que décide ce dernier ? Que voit-il dans cette probabilité de 1/10000, un événement très rare ou un événement quasi-certain étant donné les quelques milliers de vols par an ? Apparemment, la probabilité n'était pas moins faible : Boeing avait identifié des anomalies sur le 737 Max dès 2017.

Macron veut donc reconstruire une église en cinq ans comme si son toit éventré était le symbole d'une erreur, peut-être celle de ne pas avoir suffisamment financé la restauration, d'avoir sous-estimé les risques d'incendie, d'avoir réduit les budget de gardiennage... En hâtant la reconstruction et en personnalisant celui qui l'a permis, il prend certainement le risque que cette église devienne la sienne, l'église Macron, et non plus celle des français, comme s'il reconnaissait l'incapacité de l'Etat de venir à bout d'un tel chantier, à moins que ce ne soit pour s'assurer que les millions donnés par les riches entreprises françaises ne leur profitent avant tout en les incluant sur le chantier.

Le PSG, Boeing, Notre-Dame sont tout autant des choses concrètes que des idées collectives. On les aime car elles suscitent des émotions. En laissant l'argent les dénaturer, on prend le risque de les faire disparaître. Et j'avoue, j'ai du mal à me faire à l'idée que quelques hommes seuls se posent en héros pour sauver à coup de millions un symbol qui unit un peuple simplement parce qu'ils le peuvent. Il faut faire une histoire de la reconstruction de cette église et pas un chantier secret dont aucune information ne sort.


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Xavier Dupré