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économie


2015-03-10 Impossible n'est pas français

Cultiver des tomates sans pesticides et dans un lieu hostile, c'est possible : Tomates sans eau ni pesticide : cette méthode fascine les biologistes. Si c'est impossible, c'est sans doute qu'on n'a pas cherché assez longtemps. Plutôt que de renoncer à cultiver des tomates sur une parcelle assez hostile pour les tomates, un agriculteurs a insisté. Si la première année a été très peu productive, les tomates se sont adaptées et les générations suivantes se sont adaptées.

2015-01-24 La donnée isolée et la moyenne

Les données sont légions et n'attendent que d'être intégrées à une histoire qui selon les personnes prend le nom d'interprétation, de modèle, d'analyse, de synthèse. Mais bien mystérieuse est la gestation de cette histoire. Mon premier témoignage d'une avalanche de chiffres remonte sans doute à Matrix où un programmateur fascinant interprétait un déluge de bits en temps réel sans aucune lampe stroboscopique dont tout humain normal aurait eu besoin pour espérer y voir quelque chose.

Nous ne sommes pas vraiment capables de donner un sens à une telle diarrhée numérique. Le plus souvent, on en fait la moyenne ou la médiane et on en garde que ce seul chiffre qui devient la seule chose à raconter. Personne n'aime affronter une tonne de chiffres mais savoir que celle-ci a accouché d'un seul nombre qui résume le tout, ça rassure et c'est simple à retenir. Le salaire médiane, le salaire moyen des ministres du gouvernement, le nombre d'élèves moyens par classe, le taux de chômages (moyen), le QI moyen, on fait une somme, on divise, on est content. On se sent même un peu savant dès qu'on parle d'écart type, un peu plus encore si on évoque les corrélations.

Et puis tout de suite, comme ces moyennes ont un poids certain, on se compare à elle. On est au dessus. On est heureux. On est en dessous, on se sent lésé. Tout à coup, on sait où on se trouve. On se sait rien du voisin mais on sait tout des français. Moi (donnée isolée) contre les autres (données agrégées), un grand classique. Lorsqu'on est du bon côté, on se repose, du mauvais, on a enfin trouvé l'objectif : la moyenne ou mieux encore, le premier quartile.

Et puis patatras, j'ai calculé le taux moyen de guérison de deux hôpitaux pour choisir le meilleur. Et je n'aurais pas pris toutes les données en considération, j'aurais raté un morceau de l'histoire ? C'est Le paradoxe de Simpson. J'hésite entre deux hôpitaux, le premier a un taux de succès de 98%, le second 90%. - Ah bon, tu hésites ? - Allez, on y va.

Un peu plus tard.

Tu lis quoi sur le fronton ? Euh... Chirurgie esthétique. - Tu n'aurais pas pu le dire avant ! - Mais tu m'as dit de prendre le meilleur. - Le meilleur pour ton type d'opération ! - J'ai oublié de regarder cette donnée.

2015-01-22 C'est quoi les données, c'est quoi le Big Data ?

Dans le film Bienvenue à Gattaca, le héros joué par Ethan Hawke doit non seulement faire disparaître ses traces mais aussi laisser celles de celui dont il usurpe l'identité. La moindre inattention peut jeter le doute voire dévoiler le stratagème. Une empreinte digitale inattendue interpelle immédiatement. Comme c'est inattendu, il faut lui trouver une explication.

La donnée : c'est une information juste avant qu'elle ne devienne partie intégrante d'une histoire, juste avant qu'on l'interprète. Et comme le suggère ce film, on en laisse partout et tout le temps. On en génère tellement qu'on est forcé de ne pas y prêter trop attention. La moindre connexion internet, la poussière sur le plancher, la température de l'eau, la fuite d'air à la fenêtre. C'est une donnée dès qu'on la décrit. Il y en a tellement qu'on les oublie rapidement. C'est juste un fait divers.

Mais pourquoi sont-elles si populaires maintenant ?

Une des raisons est qu'elles restent plus longtemps. La poussière sur mon plancher disparaît avec l'aspirateur. La connexion à un site internet restent plusieurs mois dans plusieurs fichiers de plusieurs machines différentes. Ces données numériques ont la vie dure. Ca n'explique pas pourquoi elles sont populaires. Seulement, du fait qu'elles restent plus longtemps, on a plus de temps pour les observer et leur donner du sens.

Comment donne-t-on du sens aux données ?

Les statistiques y sont pour beaucoup même si ce terme n'est pas une explication en soi. David Hume dans Enquête sur l'entendement humain nous apporte quelques éléments de réponses. Nous sommes tous très amnésiques mais une des façons qui nous permet de retenir est la répétition. Une observation, une donnée, commence à prendre du sens dès qu'elle se répète. Pour citer Hume :

De causes qui paraissent semblables, nous attendons des effets semblables. Telle est la somme de toutes nos conclusions expérimentales.

Les marins utilisaient les étoiles pour se repérer. Ils ont su associer la position d'une étoile dans le ciel (une donnée) de la même étoile à la même position une année plus tard (la donnée est répétée). C'est le début de la connaissance : chaque année, la même étoile est à la même position dans le ciel. On peut l'utiliser pour se repérer.

Et Big Data ?

La somme des données qui se rapporte à la même personne est quasiment infini. Seulement, aujourd'hui, elle persiste. Qu'en faire ? C'est tellement énorme que ce serait comme découvrir toute la voie lactée le même jour. Il faudrait une vie pour l'étudier... Sauf que... on a maintenant des ordinateurs qui font plein de calculs très rapidement. Alors on reprend notre cher Hume : on se répète beaucoup ! On fait presque tous les jours la même chose, et si ce n'est pas tous les jours, c'est toutes les semaines. Nous avons une vie rythmée - au sens musical -. Alors en comparant toutes les journées entre elles, et avec un bon ordinateur, on arrive à déterminer les habitudes et les goûts de chacun.

Et alors ?

Et bien c'est d'abord très drôle. On porte un bracelet au poignet qui enregistre les déplacements. On peut compter ses pas, enregistrer son poids tous les jours. C'est un peu comme si découvrait qu'on n'était plus intéressant que le voisin parce qu'on découvre plein de choses sur soi-même. Et le voisin, il n'est plus aussi intéressant ? Si si toujours, mais c'est lui qui nous montre sa courbe de poids, alors ce n'est plus aussi drôle. Et puis, quand on mange un carré de chocolat, on peut le mesurer tout de suite. Et ça c'est fun.

Autrefois si éphémères, les données sont quasi éternelles, et elles disent beaucoup de choses. Votre enfant sera peut-être dans 25 ans archéologue numérique. Les listes des relevés de cartes bleues pourraient permettre tout à la fois d'ajuster un régime alimentaire mal équilibré qu'à prédire la probabilité d'avoir un cancer (sauf si vous achetez toujours tout y compris votre whisky préféré en liquide).

Tu as vu le Monde aujourd'hui ? Les français prennent du poids à Noël ! - Incroyable, ils ont piraté ma balance numérique ! - Euh... tu es sûr ?

Les données, d'accord... et le bruit alors ?

C'est Agatha Christie qui nous apporte la réponse. Hercule Poirot avait coutume de dire que le meurtrier est un homme parfaitement normal qui cherche justement à l'être le seul jour où il ne l'est pas. Il pense à chaque instant à gommer tout ce qui pourrait éveiller les soupçons. S'il avait envie de manger une petite gâterie, il y renoncera car d'hatitude, il prend un jambon beurre à midi. Le meurtrier évacuera pour une journée toute fantaisie. Et pourtant, ce sont tous ces petits aléas qui font qu'une journée est parfaitement normale, tous ces petits détails qu'on n'est incapable de retenir, tous ces petits détails qui, parfois, sont remarqués par votre collègue car justement ils sortent de l'ordinaire. Mais si toute la journée, un meutrier pense à son crime, il n'y a plus de relâchement possible et il va chercher à gommer ces petits aléas qui attirent l'attention. En fin de compte, il aura paru tout à fait normal, bien trop normal pour être vrai, d'après Hercule Poirot. Le bruit, ce sont les fausses notes de la journée par rapport à une journée parfaitement normale, fausses notes délicieuses pour toute personne sensée, fausses notes malheureuses pour tout statisticien sensé.

2015-01-14 Grève des médecins, logiciels et économie

La grève des médecins fut assez singulière. D'après ce que j'en ai compris, les arguments ne portaient pas sur le bien-fondé de la loi mais sur son application. Gérer la complexité du système de remboursement a un coût principalement informatique. Les pharmaciens ont investi dans des ordinateurs, des logiciels. Mais ce qui envisageable à leur niveau ne l'est plus pour un médecin qui devrait dans le pire des cas gérer manuellement les interactions entre les différents acteurs pour être rétribué. A priori, les transferts d'argent ne devraient pas changer pour les différents acteurs. Malgré tout, les délais changent, le patient n'est plus celui qui avance l'argent, celui qui prend à sa charge les défauts du système ou ses bugs n'est plus le même, le travail d'intendance comme le fait de contacter la mutuelle change de main. Je suppose que le législateur a jugé ces coûts (prêt d'argent, intendance) suffisamment élevés pour justifier une redistribution plus juste de ceux-ci.

Et si une mutuelle était astreinte à rembourser un peu plus si son remboursement se faisait attendre, et s'il en était de même pour la sécurité sociale... est-ce que les délais de remboursements deviendraient suffisamment courts pour que les deux systèmes (avant et après la loi) soient plus ou moins équivalents ?

Il est probable que des sociétés proposent de faciliter la tâche des médecins afin de gérer plus efficacement le traitement des remboursements. Maintenant que celui-ci sera concentré chez les médecins et non plus dispersé chez les patients, ce marché sera plus accessible.

2014-10-24 Programmation Artistique

Je viens de passer la semaine à essayer de comprendre comment faire des choses simplement avec des outils compliqués. C'est comme si je m'étais cassé la tête à essayer de comprendre le manuel de mon réfrigérateur dont je ne sais toujours pas régler la température, le réglage de ma chaîne hifi ou le bouton camouflé qui ouvre mon aspirateur. Il est si discret que j'oublie à chaque fois que ce n'est pas un auto-collant. On perd un temps fou à essayer de comprendre cette forme de raisonnement intuitif qu'un autre a imaginé pour vous. Et comme cet intuitif m'échappe complètement ce soir, j'aimerais me dire que mon frigo fonctionne comme ce livre : Raisonnements divins et que le temps que je passe à essayer de le comprendre n'est pas passé en vain. Heureusement qu'il garde les bières au frais, sinon, je crois que je deviendrais fou.

2014-10-22 De l'horloger au programmeur

Il y a quelques mois, le distributeur à côté de mon bureau était une mécanique bien huilée. On appuie sur un bouton, une longue vis tourne d'un nombre de tours très précis et laisse tomber la marchandise qu'on récupère en bas. Il arrive que la machine se bloque. Il suffit d'ouvrir, de retirer le paquet et de refermer. Elle se bloque rarement. Pour la boisson suivante, elle recommence sans se soucier de ce qui est arrivé à la précédente. La mécanique se dérègle au moindre pépin mais elle a été conçue pour y résister.

La nouvelle machine est tout-à-fait différente. Elle fonctionne avec des capteurs. Elle pousse les boissons jusqu'à ce qu'elle détecte qu'une tombe, elle refuse de passer à la suivante tant qu'elle détecte que la boisson demandée n'a pas été retirée. Ses mouvements ne sont pas réglés au millimètre près, elle réagit par rapport à une séquence d'événements. Tant qu'un événement précis n'a pas été détecté, elle exécute une commande censé le provoquer. Ce mode de fonctionnement est plus celui d'un programmeur que d'un horloger. La machine est plus réactive lorsqu'une boisson a été mal positionnée.

Je ne sais pas laquelle des deux commence le moins d'électricité. C'est difficile à dire comme la seconde a été construite avec des composants plus récents et moins consommateur. Mais je m'attends dans peu de temps à ce que la seconde prépare le café si je lui envoie un SMS et qu'il soit prêt quand j'arrive le chercher.

2014-08-19 Diversité et optimisation

J'ai passé quelques jours au bord de la mer et j'ai inévitablement mangé des huîtres. Il y a quelques années, ces huîtres d'été étaient laiteuses. Je devais être un des rares à les apprécier car elles ne le sont plus depuis 10 ans. Bien que je les aime moins, il y a 10 ans, il était plus avantageux économiquement de les remplacer par des huîtres non laiteuses : Huîtres en voie d'extinction, La surmortalité des coquillages inquiète les producteurs, Les éleveurs d'huîtres et de moules crient leur désarroi. La nouvelle huître grandit également en deux ans au lieu de quatre pour la diploïde. Mais si son taux de mortalité dépasse les 50% par rapport à celui de l'autre espèce, cet avantage disparaît et c'est bien ce qui est en train de se produire. La nouvelle huître est triploïde et ne peut plus se reproduire seul. La reproduction en écloserie a sans aucun doute réduit la diversité génétique des huîtres et leur capacité à trouver une parade à toute nouvelle agression. Tout s'est passé en dix ans, de quoi garder le souvenir de l'ancienne façon de faire et de retrouver la cause.

Inventer une nouvelle huître n'était sans doute pas la seule façon de contourner le problème de l'huître laiteuse. On aurait peut-être pu réinventer la façon de les manger. Il n'y a finalement qu'une idée qui est restée. C'est peut-être aussi notre façon de fonctionner que nous devrions ajuster : ne pas jeter toutes nos idées pour ne garder que la meilleure. C'est peut-être l'appauvrissement de notre imagination que nous aurions à subir.

2014-07-22 Madame La Borne du Vélib, soyez plus explicite.

J'ai rarement besoin de parler à une borne velib. Sauf ce soir où je pose mon passe navigo sur la borne pour finalement m'apercevoir que le pneu avant est crevé. Je laisse donc le vélo en attendant que le voyant soit vert de nouveau. Quelques minutes plus tard, je reprends un vélo mais le plot me le refuse. Après trois essais, je décide de m'adresser à la borne pour voir les options qu'elle me propose. Elle me dit que mon vélo est parti et que je ne peux pas emprunter de nouveau.

Là, je m'agace un peu. Le vélo est là, je le vois. Je signale donc que je l'ai rendu et que quelqu'un doit vérifier mes dires. Quand ? Je ne sais pas. J'essaye de conctacter quelqu'un ainsi que me le propose la borne. Une barre de complétion se remplit de vert puis une petite croix rouge apparaît. Je me doute que ça ne va pas marcher. Pourquoi ? Là encore, c'est l'inconnu. Bref, on propose de payer un trajet. D'accord, allons-y puisque c'est apparemment ma seule chance de pédaler ce soir. On me propose d'utiliser une carte bancaire (au fond de mon sac) ou mon pass navigo. Je choisis la seconde option... Refusée car j'ai un vélo suspicieux dans mon historique. Je capitule. Les messages d'erreurs brillent plutôt dans l'ellipse. Mais je reconnais, en bon codeur quotidien, que ceux-ci tiennent souvent du premier concert des Rolling Stones que du dernier de la tournée.

Me voilà réduit à prendre le métro. Je vais quand même éviter Madeleine ce soir. Les SDF jouent à cache cache avec les policiers. Ils errent. Leurs chiens comme leurs maîtres ne voient pas la lumière du jour de la journée. Enfin, je le suppose d'après les indices laissés sur le sol. J'aimerais bien comprendre pourquoi cette station semble être un point de rassemblement. Bref, j'ai faim, il est presque minuit et si j'avais eu un vélo, je serais déjà place de clichy et vous n'auriez pas eu à lire ce blog.

Je vais relire Au bonheur des Ogres. Les machines remplacent les guichets mais j'attends celle qui jouera Monsieur Malaussène. Peut-être un jour verra-ton l'application Malaussène pour SmartPhone, pour se passer les nerfs quand les autres vous abreuvent de messages d'erreurs incompréhensibles.

Post scriptum : la remise de mon vélo a été confirmée le lendemain matin. J'ai repris un vélo le soir même bien que j'ai failli retomber dans le même piège que la veille. Le vélo que je convoitais n'avait plus de chaîne mais c'est sans doute ce qui l'a sauvé d'une fin moins glorieuse (9000 Vélib' volés en un an).

2014-07-05 Intermittents, publicité sur internet, Big Data et long tail

Il est difficile d'échapper aux articles traitent de la grève des intermittents du spectacle. Je suis tombé sur ce billet Intermittents : Quand la culture «justifie tous les égoïsmes» qui s'interroge sur le déficit de l'UNEDIC. Selon l'article, le régime des intermittents est responsable d'une partie de ce déficit plus importante (25%) que le nombre d'intermittents rapporté à l'ensemble des travailleurs (3,5%) et ce n'est pas juste. Je ne sais pas si c'est juste ou pas mais on peut relier cela au principe d'une assurance qui est de mutualiser le risque. L'argent dépensé ne l'est que par une minorité de gens. On peut s'interroger sur le sens du mot juste dans ce cas. On pourrait argumenter que le déficit de l'UNEDIC est en grande partie causé par les intermittents depuis déjà plusieurs années. On pourrait répondre que les personnes âgées sont aussi celles qui concentrent une grande partie des dépenses de santé. Si on regarde la situation dans différents pays, on peut se demander si le sens du mot juste ne dépendrait pas du pays dans lequel on le considère. L'auteur conclut en suggérant que les intermittents mutualisent les risques au sein de leur communauté. Mathématiquement parlant, ce n'est pas la plus sûre des solutions car ce serait une population exposée aux mêmes risques. Il en est de même pour toute communauté puisqu'un tel groupe assemble des personnes qui se ressemblent. Il est préférable et plus efficace de mutualiser des risques qui ne sont pas corrélés entre eux. Tout trader vous le dira.


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2014-06-05 Tout est scandale

Un ton scandaleux est toujours plus prompte d'attirer l'attention du lecteur et dès qu'un sujet est éligible, l'article devient le moyen de clouer au pilori l'auteur du forfait. Récemment, une des entreprises à avoir subi les foudres des journalistes est la SNCF : Pour renouveler ses TER, la SNCF commande des rames... trop larges. Victime d'une erreur de communication avec Réseaux ferré de France (RFF), il faudra raboter les certains quais de gare pour laisser passer de nouveaux trains. Même si le montant paraît important, rapporté à la somme totale, il est petit (moins de 1%). Ensuite, il n'est dit à aucun moment que les nouveaux trains sont trop larges. On peut raisonnablement penser qu'aucun voyageur ne se plaindra d'avoir plus d'espace. L'erreur de la SNCF serait simplement de ne pas avoir anticiper ce coût. Ce serait une erreur finalement petite pour un projet qui semble dans l'ensemble réussi.

J'ai récemment écrit au sujet du nouveau logiciel de paie des fonctionnaires qui fut abandonné après un investissement nettement supérieur aux 80 millions dépensés par RFF pour raboter ses quais. L'article n'est pas très précis quant aux raisons qui ont mené à cet échec. Le ministère du Budget arrive même à tourner cela en un demi-échec puisque le projet était risqué. La décision de l'interrompre était la seule sensée. Elle aura permis d'éviter d'investir plus d'argent dans un échec annoncé.

De ces deux erreurs, je retiens qu'on se scandalise de celle qu'on pense comprendre. On s'en moque aisément même si c'est déjà un problème résolu. Pour celle qu'on ne comprend pas, on s'en remet à celui qui l'annonce sans forcément chercher plus loin. Et on se garde bien de commenter. Ca fait partie de ces petites choses qui nous surprennent quand on les apprend (comme Profs sans élèves: mais combien sont-ils au juste?) et dont on ne sait quoi faire.

2014-05-21 Droite poreuse

De récents articles évoque le désamour des jeunes les sciences (La recherche ne fait pas rêver les étudiants en sciences, De la "désaffection" pour les études scientifiques). Les études se placent du point de vue statistique ou économique. On manque de chercheurs et de scientifiques.

C'est aussi souvent une matière qu'on présente comme une torture. Les cancres à l'école sont la plupart du temps mauvais maths d'abord. On oublie qu'il faut être aussi créatif en mathématiques que dans les autres matières. Certes on évolue dans un monde fait d'hypothèses et de théorèmes comme un paysage est fait de vallées et de montagnes. Il arrive de remettre en cause des vérités pour découvrir que notre notion de droite était poreuse . Les devinettes mathématiques s'insèrent dans les séries télévisées (Sherlock Holmes, on en trouve dans les magazines à la même page que les mots croisés (Infinimath).

Une démonstration de mathématiques ne devrait être rien d'autre qu'une histoire. Et on découvre qu'il y a plein de manières de la raconter (Raisonnements divins).

2014-05-11 Evolutions Informatiques

J'écoutais l'émission On n'arrête pas l'éco du 10 mai. L'invité évoquait la formation des informaticiens dans différents pays. Je ne me souviens plus exactement en quels termes il s'est exprimé mais il mettait en avant la formation généraliste et mathématique des ingénieurs français qui leur permettrait d'apprendre plus rapidement de nouvelles techniques. Je me suis rendu compte que je m'appuyais implicitement sur ce bagage le jour où on me demanda d'expliquer ce qu'était le machine learning. Mon premier réflexe fut de partir d'un problème simple tel qu'une régression linéaire et son expression mathémtique. Comprendre voulait dire pour moi s'approprier les concepts mathématiques, passer du linéaire au continu, réduire un problème complexe à un ensemble de problèmes simples qu'on sait résoudre. Lorsqu'il s'agit de maitrîser une nouvelle technique, il me semble plus facile de s'approprier l'idée que d'apprendre à se servir des outils qui la mettent en pratique. Un nouveau langage informatique se résume souvent à une nouvelle syntaxe, un bouquin et quelques exercices.

Il est difficile de dire ce que sera le paysage informatique dans cinq ans. Il faut un à deux ans pour imaginer un nouveau concept et plusieurs années pour le faire mûrir. La page Wikipedia List of Programming Language recense un nombre impressionnant de langages informatiques parmi lesquels on trouve le LSE (syntaxe). C'est un langage informatique à syntaxe française avec lequel l'éducation national a tenté de m'apprendre à programmer. Certains langages sont très aboutis et cherchent à simplifier l'usage qu'on peut en avoir dans un contexte d'expérimentation (Social Network Analysis), d'autres comme Erlang ont été conçus dès le départ pour concevoir des programmes robustes dans un environnement de production. Ils sont en anglais.

Depuis l'avènement du Big Data, les langages fonctionnels sont en vogue. Scala, Clojure, F#, ces langages forcent le développeur à écrire différemment de telle sorte que le programme est plus facilement transposable dans un environnement Map Reduce. Un nouveau langage cherche à exprimer une idée encore plus simplement.

2014-04-27 Tests A/B à la FNAC

Je ne vais plus très souvent à la FNAC sur les Champs-Elysées. Ce n'est pas la mieux achalandée mais, quand on sort trop tard, c'est un des rares endroits où on peut acheter un livre très tard. A vrai dire, je n'achète pas souvent de livres là-bas, s'il fallait choisir une librairie qui ouvre la nuit, j'irais plutôt à la Hune ou l'Ecumes des Pages où je sais que je serai un peu plus surpris. Néanmoins, j'étais étonné de voir la place qu'a prise le livre dans cette FNAC qui n'en vendait pas lorsqu'elle a ouvert. Les DVD sont réduits à la portion congrue, les séries télévisées ont pris de l'importance. Le rayon cuisine est aussi grand qu'ailleurs. Et puis le livre qu'on croyait en sursis a rempli l'espace.

C'est bien le seul élément stable. Le reste évolue trop vite. Il n'a pas ce caractère intemporel de l'écrit. D'ailleurs le livre désigne à la fois le contenu et le support. Pour un film, il existe le DVD, le Blueray. Pour la musique, le CD, MP3, pono... Pour les livres, il existe des kindles, des tablettes mais curieusement ce n'est pas là dessus qu'ils sont exposés à la FNAC. Le livre est un des seuls supports qui n'impose pas son rythme contrairement à un film qui se termine toujours à l'heure dite.

J'ai été aussi surpris de trouver un rayon jouets pour enfants. Cela ressemble aux rayons d'électroménager que j'ai vu un jour à la Fnac des halles. Cette façon de faire ressemble un peu un internet. On dispose un petit rayon quelque part et on regarde si ça prend. Une sorte de test A/B : on n'est à peu près sûr que vous n'êtes pas venu pour ça et on veut savoir si vous allez repartir avec.

Le livre survit, c'est peut-être de bonne augure pour la FNAC qui survivra aussi face à Amazon entre autres. Lorsqu'on cherche un livre sur internet, on a vite fait de faire le tour des alternatives qui vous entraînent sur un chemin circulaire (voir par exemple Systèmes de recommandations) Le libraire saura vous en faire sortir.

2014-04-19 Les médecins et les médicaments génériques

Une ordonnance à la main, je vais chez le pharmacien. Celui-ci m'explique qu'il a remplacé un médicament par son générique. Je regarde le nom. Il très ressemblant comme si Assurancetourix passait chez les Visigoths. Je lui demande pourquoi les médecins n'écrivent pas directement le nom du générique ou même de la molécule. La réponse est immédiate : ils utilisent les noms commerciaux à la faculté. Mais c'est par là qu'il fallait commencer : faire cours de médecine avec le nom des molécules ! Mon pharmacien n'avait pas l'air convaincu : difficile d'imposer à un vieux prof de changer car ce seraient de vieux médecins en fin de carrière qui enseignent.

La conversation continue et il m'apprend que beaucoup de pays n'utilisent pas les noms commerciaux. Dans une précédente pharmacie, des patients venaient avec les ordonnances d'un médecin brésilien qui utilisait directement le nom de la molécule, même pas le nom du générique. Un autre écrivait ses ordonnances avec un logiciel qui ajoutait automatiquement le nom du générique. Discrètement, le pharmacien ajoute que les clients contestaient moins.

Une dernière chose m'intrigue. Je doute qu'un médecin prescrive les mêmes médicaments pendant 40 ans. La recherche évolue. Un nouveau remède sera être désigné par son nom commercial ou par sa molécule, le générique n'existant pas encore. Le médecin français retient le nom commercial. C'est sans doute une vieille habitude apprise à l'école. Que fait le médecin brésilien ? C'est peut-être lui que j'irai voir la prochaine fois.

Bref, pour imposer les génériques, il faudrait commencer par imposer les noms de molécules à l'école de médecine. Et puis on pourrait aussi imaginer que les noms des nouveaux médicaments soient plus explicites : molécule + nom du laboratoire.

2014-03-11 Echec informatique d'une réforme

Dans le train pour Londres, je suis tombé sur cet article : L’Etat abandonne le projet de superlogiciel de paie des fonctionnaires. A sa lecture, je fus surpris par les estimations initiales, les sommes dépensées dans un projet dont je n'imaginais pas qu'il pût être complexe à ce point. Je regrette que l'article ne dise pas pourquoi le projet a échoué. Peut-être la raison n'est connue que par la simple constatation que la fin est aussi loin qu'au commencement. La mise en place d'un logiciel censé simplifier la vie passe d'abord par la compréhension exhaustive du système existant. Il peut arriver que cette connaissance soit tellement diffuse qu'elle en devient difficile à saisir. Elle peut être répartie sur un grand nombre de personnes qui ont sans doute parfois adapté des règles vieillissantes à leur quotidien, quitte à transformer une règle écrite en un usage transmis oralement.

Mais tout de même, imaginer qu'on n'ait pu en venir à bout, qu'on n'ait pu établir une liste exhaustive des modes de paiements des fonctionnaires... Plus de 500 personnes ont travaillé sur ce projet, plus de 12.000 fonctionnaires assurant la paie des fonctionnaires. Si j'en crois cet article 5.493.200, c'est le nombre exact de fonctionnaires en France, chacun s'occupe des paies de 458 fonctionnaires. C'est à se demander si ce manque de clarté ne serait pas un effet désiré plutôt qu'une conséquence indésirable d'une gestion répartie dans chaque ministère depuis quelques décennies.

Je vais relire le Château de Kafka. J'y verrai plus clair.


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Xavier Dupré